Une enquête menée par des sources internes et corroborée par des documents confidentiels révèle que la multinationale britannique BP a sciemment minimisé et caché pendant plus d’une semaine une fuite de gaz critique survenue sur son puits offshore GTA A02, situé dans les eaux territoriales mauritaniennes. Cet incident, survenu le 19 février 2025, aurait pu dégénérer en catastrophe écologique et humaine, selon des experts, tandis que l’entreprise est accusée d’avoir priorisé la confidentialité sur la transparence, au mépris des normes de sécurité internationales.
Une gestion opaque et des risques sous-évalués
Dès la détection de la fuite au niveau de la tête du puits lors d’opérations de routine, BP aurait ordonné à ses employés, via une note interne signée par Dave Campbell, directeur général adjoint, de ne pas communiquer sur l’incident et de rediriger toute demande vers la direction régionale ou le service presse. Une pratique qualifiée d’« irresponsable » par des lanceurs d’alertes, qui dénoncent une tentative délibérée d’étouffer l’affaire. « Cette culture du silence a exposé les travailleurs sur site et les écosystèmes marins à des dangers imprévisibles », souligne un expert en risques industriels sous condition d’anonymat.
Une fuite persistante malgré les mesures d’urgence
Bien que BP affirme avoir activé « immédiatement » son équipe de gestion de crise et déployé des ressources spécialisées, la fuite demeure active près de 19 jours après son apparition. Selon des données techniques obtenues par la rédaction Points Chauds, le puits GTA A02, d’une profondeur de 5000m, libère un volume estimé à 500 m³ en surface. de gaz naturel, composé majoritairement de méthane un gaz au potentiel de réchauffement climatique 25 fois supérieur au CO₂ sur un siècle.
Des solutions techniques sous tension logistique
Pour contenir la crise, BP a mobilisé deux stratégies distinctes, révélatrices des défis opérationnels :
1. Le « capping stack » de Trendsetter Engineering : Ces dispositifs de confinement sous-marin, conçus pour colmater les fuites en eaux profondes, doivent être expédiés depuis Houston (États-Unis) via un avion-cargo Antonov, seul appareil capable de transporter ces structures de plusieurs tonnes. Un délai critique, selon des ingénieurs, alors que chaque heure accroît les risques d’embrasement ou de contamination marine.
2. Le scellement par Oil Spill Response Ltd (OSRL) : Basé sur des équipements stockés en Norvège, ce protocole nécessite un transport maritime de plusieurs jours, une option jugée « inadaptée à l’urgence » par un consultant en gestion de crise offshore.
Precisions
Selon de sources autorisées, il s’agit de fuite de gaz dans l’un des pipes où des bulles de gaz ont été découverts dans l’un des puits du projet GTA. Les équipes techniques sont en train de contrôler la situation à l’aide des moyens et équipements bien identifiés et qui sont destinés à ce type de situation. L’impact sur l’environnement a été jugé négligeable et la solution définitive interviendra dans les prochaines heures, et consistera à l’installation d’une tête de vanne multifonctionnelle. Des équipements spécialisés et des équipes techniques ont été mobilisés pour soutenir les efforts de réparation.
Entre déclarations rassurantes et réalité terrain
Si BP assure dans ses communications internes qu’« aucun travailleur n’a été blessé » et que « la sécurité des personnes et de l’environnement reste la priorité », ces déclarations contrastent avec le témoignage de salariés sous couvert d’anonymat, évoquant des « procédures de sécurité accélérées » et un « manque de matériel de protection adéquat ». Par ailleurs, l’absence de communication officielle sur l’étendue exacte des rejets gazeux interroge sur le respect des conventions internationales, notamment le protocole de l’ONU sur les pollutions transfrontalières.
Une ombre sur l’historique de BP
Ce nouvel incident ravive les critiques sur les pratiques de BP, déjà éclaboussée par la marée noire de Deepwater Horizon en 2010. « Cette répétition de stratégies opaques montre un manque systémique de culture de prévention », dénonce une ONG environnementale. Les responsables de communication de BP, sollicitées par nos soins, n’ont pas encore commenté d’éventuelles sanctions, espérant qu’ils vont réagir après cet article; tandis que la pression monte pour une enquête indépendante sur les délais réels de réponse et les potentielles négligences.
