Tribune/ L’AFRIQUE DE L’OUEST, UN ADULTE MAL DANS SON AGE

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L’AFRIQUE DE L’OUEST, UN ADULTE MAL DANS SON AG :

DE LA PRÉVALENCE DE L’INSTABILITE POLITICO-MILITAIRE FACE A LA PERTINENCE DE LA PISTE FÉDÉRALE.

L’indépendance de bon nombre d’États africains, la soixantaine atteinte et donc la maturité devrait être acquise, les fondations des Etats assises, les problématiques classiques telles la bonne gouvernance, la stabilité… à dépasser. L’heure devrait être à l’affirmation et à la fortification de nos acquis et aspirations. Soixante ans, c’est aussi un âge de vérité et de vérification des options suivies. Toutefois, l’instabilité de toutes sortes et de tous ordres, est une donne intégrante de la marche africaine

                                Votre serviteur avec le Pr Djibril Tamsir Niane

Si les conflits sont soumis aux déterminismes de l’espace prévalent, notre sous région n’en connaît pas moins une multitude de sources conflictuelles. En effet, les motifs du chaos y sont divers et d’actualité. Les provinces, pays, zones frontalières, concernés y sont épars, au point, qu’on puisse affirmer que l’absence de conflits y est une exception. Ainsi, l’ouest africain composé de pays indépendants depuis bientôt soixante ans et cela le plus souvent dans des conditions pacifiques, a tout l’air d’un adulte mal dans son âge.

Par balisement de notre sous région, et à travers la densité, la localisation, et la fréquence ; nous allons mettre l’accent sur les sources et manifestations les plus répertoriées, des conflits ouest africains. Puis, nous verrons comment et pourquoi, le dessein fédéraliste prôné par les pères du panafricanisme, constitue une clé de sortie des champs de mines ? Encore que, pour se faire, l’opportunité n’est pas douteuse, seulement la formulation fait débat. Surtout que, l’histoire avec les empires du Soudan (2500 avant JC), du Ghana (770 après JC), du Mali vers 1235, montre notre fédéralisme passé. Et qu’au global, la bonne fortune et les formes actuelles d’entités fédérales (UE, USA…), dans un monde de coalitions d’intérêt et des intérêts font notre motivation.

 L’ineffectivité ou l’inexistence d’une indépendance de l’instabilité :

Cet état des États africains, quelqu’il soit, se situe dans un contexte, où l’assertion du général De gaulle n’a jamais été aussi véridique «les États n’ont pas d’amis, mais des intérêts».

Donc nécessairement se pose la question de l’attractivité, de l’attirance, de l’enjeu, de l’intérêt; mais surtout de l’adéquation et de la performance des stratégies et pistes suivies pour tirer profit des ces atouts et atours là, de la part de nos États.

Dés le point premier ou primordial de la stratégie, est perceptible, un malaise motivé par une impossibilité de stratégie voire même une imposture de stratégie, une discontinuité, une substitution de systèmes (politique, militaire, démocratique, despotique qui s’interrompent), une absence de vision saine et sereine; tant l’emprise déstructurante de l’instabilité est notoire.

En effet, quelque soit la dotation naturelle et culturelle, sa conduite est déterminante. Quelque soit la conduite, sa finalité produite est dépendante de la paix, de la stabilité, d’où l’indépendance de l’instabilité est irremplaçable. L’ineffectivité ou l’inexistence d’une indépendance de l’instabilité, est sécrétrice et nourrice de toutes les autres sortes de dépendance. Motif ou facteur de braderies et de pillages de nos ressources, l’instabilité détruit l’existant et bloque tout progrès. Ce fléau qu’est l’instabilité a une présence et ou une nuisance temporaire, spatiale, et aussi sectorielle. Ainsi, le conflit ouest africain ne reconnaît ni impliqués, ne se connaît ni frontière, il est de nature inclusive, affecte quasiment la globalité.

DE LA GEOGRAPHIE DU CONFLIT EN AFRIQUE DE L’OUEST :

Fréquence, densité, localisation et déterminisme zonal des conflits ouest africains :

S’il est un qualificatif à accoler, à la situation globale zonale ouest africaine, c’est bien fragile. Par balisement et par tous les paramétrages possibles, à travers tous les canaux d’appréhension, sur tous les secteurs subissant et sévissant, concordent la précarité de la paix.

Territorialité et territorialisation du conflit :

Concrètement, en Afrique de l’ouest, hormis le pouvoir, la religion, l’appartenance ethnique; les conflits ont des motivations de limites ou potentiels territoriaux.

Et même, ces sources immatérielles de conflit que sont la religion, le pouvoir, et l’appartenance ethnique, ont des soubassements territoriaux : (législation religieuse d’un territoire); coloration ou majorité politique dans une zone bien définie. Il est aussi souvent question d’une volonté de matérialisation territoriale d’une supposée supériorité ethnique ou tout simplement numérique.

Si ces conflits là, sont raccordés et raccordables au territoire, beaucoup d’autres ont un net déclenchement territorial (conflits de compétence et de propriété territoriales).

Le territoire constitue le réceptacle, et la ligne de démarcation du conflit, s’il n’en est pas l’origine même. Le conflit, si pas toujours avant tout, est après tout, territorial. D’où, si la territorialité du conflit est discutable, sa territorialisation est inéluctable.

 Les territoires ouest africains de ou à conflits:

Les conflits géographiques ouest africains, se définissent et se déterminent, dans notre approche comme se déroulant autour de portions territoriales convoitées, disputées ou tout simplement impliquées. Ces points chauds le sont : du fait d’une position terrestre et marine frontalière; d’une localisation de richesses, motif d’envie, de volonté d’accaparement, de refus d’une telle volonté, disons d’une course quelconque au butin; d’une répercussion spatiale d’intérêts contradictoires  immatériels (la religion, l’ethnie, le pouvoir); les conflits d’à la frontière ou plus exactement conflits par contamination, prolifération, sont aussi une incidence géographique ou géopolitique sur notre réel rapproché.

Ainsi, si on part de cette catégorisation géographique faite du conflit, nous pouvons énumérer moult conflits et confrontations (leurs lieux et dates) dans chacune de nos catégories, en Afrique de l’ouest.

Plus spécifiquement, les coups d’Etat réussis en Afrique de 1963 à 1991 variant de 0 à 6, nous sont désignés par P Mc Gowan, 1986; D Bangoura, 1992; dans le monde (1986-1991, p234) : «Togo 1ere fois 1963 puis 1967 ; Bénin 1963, deux fois en 1965, 1969, et 1972 ; Burkina Faso 1966, 1974, 1980, 1982, 1983, 1987 ; Nigeria deux fois 1966, 1975, 1983, 1985 ; Ghana 1966, 1972, 1978, 1979, 1981 ; Sierra Léone 1967, 1968 ; Mali 1968, 1991 ; Niger 1974 ; Mauritanie 1978, 1980, 1984 ; Libéria 1980, 1990 ; Guinée Bissau 1980 ; Guinée 1984».

 La quasi-totalité de ces pays précités, où des coups d’Etat ont réussi, sont ouest africains, sans prendre en compte les coups d’Etat manqués, on constate que la grande majorité des pays ouest africains a été affectée au moins une fois par un coup d’Etat militaire. Ces coups d’Etat réussis ajoutés à ceux qui ont faits échec dans l’ouest africain démontrent l’instabilité militaire qui y sévit : «L’instabilité mesurée par la construction d’un indice dit TMIS (total military involvent score) prenant en compte les putschs réussis, ceux qui ont échoué ainsi que les complots montre que les Etats ouest africains avaient une forte propension à la violence politique (P Mc Gowan et T Johnson, 1984). Cette zone regroupant, en effet, 70% de l’ensemble des mouvements décelés entre 1963 et 1985 (C Coquery Vidrovitch, 1990).» Et après la date limite de notre échantillon qu’est 1991, l’habitude est restée une seconde nature jusqu’à aujourd’hui et des pays comme le Sénégal font figure d’exceptions.

La prévalence de l’instabilité politico militaire dans l’ouest africain ne connaît pas une distinction de passé colonial ou non, de cultures administratives différentes, d’une situation géographique différente, d’une dotation en richesses naturelles, d’une différence de degré de modernisme du territoire et d’ancienneté des institutions ; l’instabilité ouest africaine s’y révèle être l’une des dimensions ou caractéristiques ouest africains les plus inclusifs, au mépris de toutes les formes de frontières qui soient. En effet, un pays comme le Sénégal avec une tradition institutionnelle ancienne et qui était réputé mal doté en ressources naturelles, avec le conflit séparatiste casamançais au sud, n’est pas à l’abri des heurts répétitifs enregistrés en Guinée Conakry (au sens de possibilité de l’escalade et prolifération ou contagion des dommages).  L’instabilité politico militaire est aussi notable en Afrique de l’ouest à travers deux de ses pays singuliers qui y étaient la miniature de la situation d’ensemble de l’instabilité ouest africaine dans l’Afrique : le Bénin et le Niger.

 Temps et conflit :

Le temps imprime au conflit tout court ou aux conflits politico-militaires sa marque, par une définition de l’enjeu de circonstance. Chronologiquement (depuis les indépendances), on perçoit une tri partition temporaire du conflit : d’abord, les conflits de frottement ou de fragilité des institutions ; puis les conflits d’après prise en compte, connaissance, considération et de partage des ressources du territoire; et enfin, les conflits actuels, de refus, rejet et d’opportunisme, en face d’une situation jugée injuste.

Ainsi, l’absence temporaire du conflit est une absence en Afrique de l’ouest. Et même, plus que la prévalence (l’espace affecté), la fréquence de l’instabilité dans l’ouest africain est le fait marquant dans l’instabilité ouest africaine par rapport au reste de l’Afrique.

Or, de 1991 à nos jours, bon nombre de ces Etats secoués ne sont pas restés indemnes de conflits : l’exemple du Niger en continuel soubresauts, de la Mauritanie ballottée entre des mains putschistes jusqu’à récemment, de la Guinée Conakry et surtout de la Guinée Bissau, deux des Etats « les plus informels » d’Afrique de l’ouest, tant le pouvoir peut y être ramassé et exercé dans le plus grand mépris des masses par tout un chacun. A ces Etats coutumiers du conflit politico militaire, il faut ajouter de nouveaux adhérents (après 1991) telle la Cote d’ivoire, où depuis 2000 date de la prise ou donation du pouvoir au Gl Robert Guei, le pays a eu du mal à retrouver le droit chemin.

Cet état de ni guerre ni paix est aussi perceptible au Mali avec la rébellion touareg mais aussi à travers l’AQUMI la branche d’Alquaîda au Maghreb islamique. Même le Sénégal, un rare pays à ne jamais être touché par un coup d’Etat militaire, connaît cette forme de guerre interne interminable fort dommageable avec le conflit séparatiste, quarantenaire, au sud du pays, en Casamance.

 Secteurs et sécrétion de conflit :

C’est par leur agrégation, leur rapport que les hommes font la ou leur société. Ainsi, dans la nécessité de pourvoir aux postes allant dans le sens du bon fonctionnement de la société, ils se spécialisent, se scindent en secteurs (l’économique, le politique, le culturel, le sécuritaire…). Ces différentes formes revêtues par les hommes visent ainsi l’équilibre social, voire le bonheur collectif.   Toutefois, c’est ce qui devait mener à la perfection qui est prétexte au pire. En effet, les établissements, institutions, intérêts, objectifs humains sont source de collisions, de volontés de destruction et négation.

Le champ politique, lieu de prédilection de la confrontation d’idées et des offres pour la conduite des affaires publiques est nécessairement un lieu, où il ne s’agit nullement de conformer mais de confronter pour conforter ou corriger. Cependant, le milieu politique africain n’est ni un exemple de fair play, ni de civisme, mais de déchirements et de gourmandise. Avec une pléthore de partis politiques. Cette multiplicité de partis ne fait donc pas la fluidité du jeu démocratique.

Par diverses formes de «suscitation» et d’expression, l’instabilité est une dimension incontournable du parcours de l’Afrique. Quelle soit institutionnelle, économique, politique, populaire, militaire; sa crainte légitime est permanente, leurs manifestations récurrentes, leurs désagréments choquants.

L’unité, contraire de l’instabilité est aussi la voie de sortie ou de contournement de l’instabilité, d’où le mouvement des étudiants panafricains de l’université de St louis du Sénégal (MEPUS) invite aux Etats unis d’Afrique.

Moussa Kanté  

Université Gaston Berger de St Louis (UGB)

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