Mauritanie/ Ghazouani: Demain les islamistes !?

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GHAZ1

Deux ans après son arrivée au pouvoir, Mohamed Cheikh El Ghazouani, a du mal à donner une évaluation positive des réalisations accomplies à ses deux années de pouvoir. Si la vision des réalisations accomplies est positive pour certains, elle ne l’est pas pour d’autres.
Si pour certains le jugement est fortement influencé par l’appartenance du nouveau président par le passé à un régime qui n’a pas vraiment changé, pour d’autres, même en tenant compte de cet élément, malgré que tous les problèmes n’ont pas été résolus, n’empêche, la phase la plus importante a été franchie et la plus cruciale se dessine.

Ould Ghazouani qui, politiquement a surgi de nulle part, a nécessairement besoin d’un poids politique pour s’affirmer encors plus et affirmer son autorité sur une mouvance indispensable pour renforcer ses assises.
S’il a tiré conclusion de ce qui s’était passé après le départ de Ould Abdel Aziz qui a tenté en vain de s’accaparer de la référence du parti au pouvoir l’UPR, Ghazouani doit certainement savoir maintenant qu’il a nécessairement besoin d’une force politique sur laquelle il peut compter en cas de surprise.
S’il doit tirer une leçon de l’expérience vécue par son prédécesseur, il doit se rendre à l’évidence que l’UPR est un parti dont les intérêts sont liées à ceux de tout détenteur de pouvoir dans ce pays, ce qui signifie donc que ce parti est la chasse gardée des activistes qui font du marketing politique plus que de la politique politicienne. Ils sont spécialisés dans la vente et l’achat des opportunités.
Le bras de fer sur la référence du parti qui a divisé la classe politique de l’UPR en est la preuve. D’autant plus que tout rapprochement avec un bloc politique qui n’est pas affilié à la majorité présidentielle, serait comme vouloir faire des omelettes sans casser des œufs.
L’actuel président fait face donc à une équation difficile à résoudre.
Quelle option pourrait-il choisir en définitive ? Une refonte totale de ce parti ? Une nouvelle étiquette à coller à un produit politique à impulser ?
Actuellement Ould Ghazouani donne l’impression de tergiverser pour se frayer une voie politique qui lui est propre. A mi-chemin de son mandat, il se retrouve donc à la croisée des chemins d’une étape déterminante pour son pouvoir et de son évaluation de mi-parcours.
Les rencontres du chef de l’Etat avec les différentes mouvances et les entretiens avec les leaders de partis traditionnels, ouvrent une perspective nouvelle pour une concertation élargie qui pourrait jeter les bases d’un dialogue national transfuge et durable. Mais on constate malgré tout que la scène politique actuelle fait du réchauffer mais semble être incapable de faire assez de place à tous les gabarits des partis politiques qui sont traditionnellement d’un poids électoral dont les régimes ne peuvent se passer.
La rencontre du chef de l’état avec certains leaders politiques, et ses concertations détachées, donnent l’impression de ne pas contribuer à rehausser l’image d’un chef de l’état capable de jauger les opportunités politiques. Certains pensent que cette situation risque de faire boiter un processus de concertation sur lequel, tous ne sont pas d’accord, ni sur les terminologies, ni sur l’inclusive. Ils pensent même que c’est la conséquence d’une myopie politique de ses conseillers proches du dossier.
Toute laisse penser que le Chef de l’Etat est victime d’un embrigadement d’une personne ou d’un groupe de personnes qui concentrent son pouvoir entre leurs mains et qui se substituent à l’exécutif d’une manière ou d’une autre. Ce sont eux qui, par le passé l’ont entrainé dans une conférence de presse véritable fiasco qui avait suscité un grand débat et qui a été sans équivoque la raison de la levée de grâce qui l’a exposé et qui continue de l’exposer à la vindicte des journalistes et des blogueurs via les réseaux sociaux.
Tout porte à croire par exemple, que c’est sciemment qu’ils ont organisé des rencontres du chef de l’état avec certains leaders politiques et pas d’autres ce qui semble être la raison pour laquelle Messaoud Ould Boulkheir s’est remonté irréversiblement contre Ould Ghazouani alors qu’il était encore il y’a quelques temps un de ses soutiens.
Apparemment, ils récidivent encore, jetant le président dans la gueule du loup en l’incitant à contracter un mariage politique secret à « l’islamique ».
Pour les observateurs les plus avertis de la sphère de l’information et de la communication, d’une manière générale, voient dans la nomination récente d’un directeur de la communication à la présidence proche de cette mouvance un avant-gout de ce qui se mijotait et continue de se mijoter à la présidence.
On constate aisément que le remplacement du pion, Ishaq l’ex-responsable de la communication de Ould Abdel Aziz par Habib à la direction de la communication de la présidence actuelle est une conséquence de cette guerre de tranchées qui opposait l’ancien président aux islamistes.
Ishaq de la Mouvance nassériste connu pour son déchainement très agressif à l’égard des islamistes a été remplacé par Habib.
Ce changement revanchard peut être interprété comme une rupture partiale et partielle qui devrait permettre le balisage d’une communication dont l’objectif final serait de faire profiter le président d’une toile des réseaux sociaux truffée de blogueurs d’obédience islamiste. Ce support à large spectre, devrait selon l’objectif visé, contribuer positivement à valoriser les actions du chef de l’état et à vendre son image.
Mais il est à craindre que cette stratégie, destinée à rehausser l’image du président ne profite plutôt qu’aux islamistes.
Se lancer dans une telle alliance d’obédience islamiste risque non seulement de compromettre les projets sociaux économiques, mais, conséquences plus graves, de mettre en péril l’existence même du pouvoir d’Ould Ghazouani.
Ceci est d’autant plus vrai qu’ailleurs ces expériences ont montré leur limite et ont été vouées à l’échec.
Dans certains pays de régions proches, ces expériences ont entrainées soit des confrontations sanglantes, par exemple en Egypte qui continuent, soit des confrontations politiques comme en Tunisie qui ont failli mettre en péril l’existence de l’état démocratique de ce pays n’eut été l’échappatoire constitutionnel qui a permis au président de reprendre les choses en main de manière habile et instantanée..
Certes ces pays ne sont pas comparables à la Mauritanie et les islamistes de Nahda ne sont pas comparables à ceux de Tawassoul. Mais les islamistes dans tous ces pays, y compris la Mauritanie, utilisent les mêmes logiciels et systèmes d’exploitation qu’utilisent généralement ces gouvernants et ces régimes dans les pays arabes et musulmans qui est « l’islam » mais avec des utilitaires différents pour chaque périphérique.
Il faut reconnaitre que les islamistes en Mauritanie ont résisté avec bravoure aux entraves qui leurs ont été imposées par le régime de Ould Abdel Aziz qui les avaient matés pendant dix ans de pouvoir sans partage, et fermé les robinets de leurs sources de financement. Ainsi contre vents et marais, ils ont remporté une bonne partie des élections législatives et municipales dans des zones sensibles et à risque et ont pu garder les pieds sur terre contrairement aux partis de l’opposition traditionnels qui avaient subis, sous le régime de Ould Abdel Aziz, les mêmes sorts.
Aujourd’hui ces islamistes conduisent avec « extasie » l’institution de l’opposition comme chef de file. S’ils parviennent à contracter une alliance avec le pouvoir en place, cela leur permettra certainement de combler le déficit d’autorité qui leur manquait pour renforcer leurs assises et d’exercer plus de notoriété pour plus d’influence populaire au détriment même du parti au pouvoir.
Il semble qu’au plus haut sommet de l’état des personnalités, qui généalogiquement descendent du parti Tawassoul, pensent pouvoir tirer profit de leur passé politique pour bâtir un consensus autour du chef de l’état en puisant dans leurs racines. Ceci n’est pas évident.
Rien ne milite en faveur d’une telle certitude compte tenu de la configuration politique actuelle très compliquée et indomptable.
Le comble de cette situation et de ce jeu sino ‘’crime politique’ inattendu des auteurs de cette manigance et de ce au plus haut sommet de l’état, c’est que le régime en place qui croit pouvoir s’attendre à l’éclatement du parti Tewassoul par l’amadouement de certains ses leaders qui ne cachent plus leur appétit, risque au contraire de se retrouver face à un effet boomerang.

Moulaye Najim Moulaye Zeine

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