150 milliards d’euros, un FMI réformé et des leaders primés : Les temps forts de l’APO 2025, comme si vous y étiez
La troisième édition du Sommet Africa Political Outlook (APO), tenue les 25 et 26 mars à Bruxelles, a confirmé le rôle pivot du continent africain dans la reconfiguration des équilibres géopolitiques et économiques mondiaux. Placé sous le thème « Nouveau Sud, Vieux Monde », l’événement a rassemblé décideurs politiques, experts économiques et représentants d’institutions multilatérales autour d’une question centrale : comment l’Afrique peut-elle passer du statut de suiveur à celui de faiseur de règles ?
Un plaidoyer pour une gouvernance mondiale plus équitable
Le sommet a été marqué par des appels vigoureux à réformer l’architecture financière internationale. Dr. Rania Al-Mashat, ministre égyptienne de la Planification, a dénoncé le déséquilibre de pouvoir au sein du FMI : « Les pays en développement représentent 75 % des membres, mais seulement 37 % des droits de vote. Ce n’est plus tenable. » Un constat partagé par Camilla Brückner du PNUD, qui a alerté sur le retard pris dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), avec seulement 17 % des cibles atteintes à l’échelle mondiale.
Souveraineté agricole, transition énergétique et IA : les piliers du « Grand Bond Vert » africain
L’Afrique mise sur une triple transformation pour asseoir son indépendance :
- La souveraineté alimentaire, illustrée par le Fonds national pour l’agriculture du Liberia, associant petits exploitants et investisseurs.
- La transition énergétique, soutenue par l’initiative Global Gateway de l’UE (150 milliards d’euros pour les infrastructures durables).
- L’intelligence artificielle, déjà déployée dans les secteurs de la santé et de l’éducation, comme l’a souligné Samson Itodo (Union africaine) : « L’IA n’est pas un luxe, mais un levier d’accélération. »
L’Europe appelée à « investir, investir, investir »
Papa Amadou Sarr (Agence française de développement) a résumé l’attente africaine : « L’ère de l’aide paternaliste est révolue. Place aux partenariats d’égal à égal. » Un message relayé par Younous Omarjee (Parlement européen) : « L’Afrique est une puissance géopolitique en devenir. Il est temps de la regarder autrement. »
Trois leaders primés pour leur impact
Le Prix APO 2025 a récompensé :
- Myriam Dossou d’Almeida (Togo), pour son combat pour la couverture santé universelle.
- Dr. Rania Al-Mashat (Égypte), promotrice de la prospérité inclusive.
- Jean-Yves Ollivier (Fondation Brazzaville), artisan de la paix en Afrique australe.
À retenir : Ce sommet a acté la fin des rapports Nord-Sud traditionnels. L’Afrique, porteuse de solutions innovantes, exige désormais une voix au chapitre – et les moyens de ses ambitions.
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COMMUNIQUE DE PRESSE
Alors que le Sud Géant s’affirme, l’Africa Political Outlook redéfinit de nouvelles trajectoires pour la gouvernance internationale
Bruxelles, le 27 mars 2025 – La troisième édition du Sommet de l’Africa Political Outlook s’est conclue la semaine dernière à Bruxelles, réaffirmant son rôle clé dans la redéfiniton des grands enjeux internationaux. Sous le thème « Nouveau Sud, Vieux Monde », ce sommet a réuni sur deux jours décideurs politiques, économiques et multilatéraux pour aborder les mutations profondes redéfinissant l’ordre mondial.
Dans son discours d’ouverture, S.E. Moses Vilakati, Commissaire de l’Union africaine pour l’Agriculture et le Développement rural, représentant le nouveau Président de la Commission de l’UA, S.E. Mahamoud Ali Youssouf, a déclaré : « L’Afrique ne se contente pas de s’adapter aux transformations mondiales ; elle les façonne. » Il a souligné le potentiel de l’Afrique à relever les défis mondiaux de sécurité alimentaire par l’innovation et le développement.
L’un des thèmes centraux du Sommet fut l’urgente nécessité de réformer l’architecture financière internationale. Camilla Brückner, Directrice du bureau du PNUD à Bruxelles, a souligné un écart préoccupant dans la réalisation des ODD, avec seulement 17 % des cibles actuellement en bonne voie à l’échelle mondiale. Elle a appelé à combler ce déficit via « des mécanismes innovants attirant des investissements durables et garantissant un accès fiable à l’énergie – un levier essentiel pour faire progresser l’agenda des ODD ». La ministre égyptienne de la Planification, du Développement économique et de la Coopération internationale, Dr. Rania Al-Mashat a critiqué la gouvernance des institutions financières mondiales. Elle a rappelé que, bien que les pays en développement représentent 75 % des membres du FMI, ils ne disposent que de 37 % des droits de vote. « Ce déséquilibre n’est pas
une abstraction », a-t-elle affirmé. « Il faut dépasser les discours sur l’inclusion et instaurer un véritable partage du pouvoir. »
Le sommet a également donné lieu à des échanges riches sur la triple transformation de l’Afrique autour de la souveraineté agricole, de la transition énergétique et de l’industrialisation durable – le « Grand Bond Vert ». L’ambassadeur Al-Moustapha Kouyaté, envoyé spécial du Président libérien Joseph Nyumah Boakai pour les investissements internationaux, a présenté la vision du Liberia pour son agriculture avec le Fonds national pour l’agriculture, réunissant agriculteurs locaux, investisseurs et ressources publiques pour atteindre l’autosuffisance agricole.
Dans un contexte de profonds bouleversements du développement international, plusieurs intervenants ont appelé à un changement de paradigme dans les relations Nord-Sud. Papa Amadou Sarr, directeur des partenariats à l’Agence française de développement, a déclaré : « L’Europe doit désormais changer de paradigme : investir, investir, investir. » Les représentants de l’Union européenne ont insisté sur la nécessité de dépasser la logique donateur-bénéficiaire, en valorisant l’initiative Global Gateway, qui mobilisera 150 milliards d’euros pour les infrastructures via des partenariats public-privé innovants. Pour Younous Omarjee, Vice-président du Parlement européen: « Il faut voir l’Afrique pour ce qu’elle est : un continent d’avenir, une puissance géopolitique en devenir, un acteur clé du XXIe siècle. Plus jamais à travers le prisme dépassé de la condescendance ou du paternalisme. »
Le sommet a également abordé des sujets sectoriels d’avenir, notamment le rôle de l’Afrique dans la course à l’intelligence artificielle (IA). Samson Itodo, membre du groupe de travail de l’Union africaine sur l’IA dans les domaines de la paix, de la sécurité et de la gouvernance, ainsi que Directeur exécutif de Yiaga Africa, a partagé des exemples d’initiatives locales exploitant l’IA pour améliorer la gouvernance. L’ambassadeur Bitenge Ndemo a lancé un appel passionné à accélérer l’adoption de l’IA en Afrique : « Il faut insister sur le fait que nous devons exploiter l’IA pour avancer plus vite. » Il a souligné que l’IA est déjà utilisée sur le continent, notamment dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et de l’éducation.
Enfin, le Prix Africa Political Outlook pour le Leadership, la Gouvernance et l’Impact a été remis à trois leaders pour leurs contributions significatives au progrès de l’Afrique dans les domaines de la paix, de la prospérité inclusive et du développement local. Les lauréats de cette année sont Myriam Dossou d’Almeida, Vice-présidente de l’Assemblée nationale du Togo et ancienne Ministre du Développement à la base, pour ses efforts dans l’élargissement de la couverture santé ; Dr. Rania Al-Mashat, Ministre égyptienne de la Planification, pour la promotion de la prospérité inclusive ; et Jean-Yves Ollivier, de la Fondation Brazzaville, pour son rôle historique dans la médiation ayant conduit à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud et à la résolution de conflits en République Démocratique du Congo.
EVENT RECAP
Date: March 25 & 26, 2025 |
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