Mauritanie, Terrain de Jeu d’une « Guerre Média-Géopolitique » entre Alger et Rabat.
Alors que le conflit du Sahara occidental oppose depuis des décennies l’Algérie et le Maroc, courrier diplomatique confidentiel de 2014, exhumée, depuis octobre 2024, par un mystérieux hacker, dénommé Chris Coleman, sur Twitter des documents, mails piratés et photos volées visant le pouvoir marocain. Ces éléments, souvent difficiles à authentifier : critiquent des journalistes français et la politique marocaine au Sahara. Le régime Marocain avait dénoncé un complot et accuse les services algériens. Révèle que la Mauritanie a longtemps servi de théâtre indirect à cette rivalité. Dans ce document, signé par feu Abderrahmane Benomar (décédé en 2018), ancien ambassadeur du Maroc à Nouakchott, Rabat dénonçait une « instrumentalisation de médias mauritaniens » par Alger pour saper ses intérêts. Un bras de fer où la presse locale, coincée entre le marteau et l’enclume, paie le prix d’une géopolitique régionale explosive et de ses propres lacunes.
Il y a d’une semaine, notre confrère algérien, L’Expression, s’en est pris vivement à notre rédaction « Points Chauds » à la suite de la publication d’un article intitulé « Mauritanie-Maroc : un nouveau passage frontalier qui rebat les cartes au Sahara Occidental ». Dans un texte au ton virulent, L’Expression a accusé notre article d’avoir été « commandité par Sa Majesté » marocaine, sans toutefois fournir la moindre preuve à l’appui de ces allégations. Cette démarche, qui frise la malhonnêteté intellectuelle, révèle une propension inquiétante à sacrifier la vérité sur l’autel de la propagande, démontrant ainsi que L’Expression préfère le sensationnalisme au journalisme responsable. Pire encore, cette attaque gratuite et sans fondement trahit une volonté délibérée de nuire, révélant un média qui semble avoir renoncé à toute rigueur et à toute décence professionnelle pour se complaire dans la calomnie et la manipulation. Ces accusations, infondées et contraires à la déontologie journalistique, ne reflètent en rien la réalité. Notre article s’inscrivait dans le cadre d’une série de publications équilibrées et factuelles sur le Sahara occidental, accessibles à tous. L’Expression aurait pu consulter nos archives relatives à cette question avant de diffuser des insinuations aussi grotesques et dénuées de tout sens journalistique et éthique. Notre rédaction reste fermement attachée à un équilibre éditorial strict, guidé par l’éthique et les faits.
La Mauritanie, Cible d’une Bataille d’Influence
Alors que le Sahara occidental cristallise les tensions entre Alger et Rabat, la Mauritanie, voisine immédiate des territoires disputés, devient un enjeu médiatique clandestin. Le courrier de 2014 accuse cinq sites mauritaniens ; d’être des « caisses de résonance » de la diplomatie algérienne. « Contrairement aux apparences, la guerre narrative ne se joue pas sur le sol algérien ou marocain, mais dans l’espace médiatique mauritanien et sur le territoire Mauritanien, stratégique pour les deux camps ».
Une Presse Entre Deux Feux… et Deux Erreurs
Honnêtement, la vulnérabilité des médias mauritaniens tient à un double phénomène :
- Les pressions géopolitiques : « La Mauritanie, historiquement neutre mais géographiquement enclavée entre le Maroc et l’Algérie, est un champ de bataille pour l’influence régionale ».
- L’amateurisme structurel caractérise plusieurs rédactions, habituées à traiter de sujets locaux sous le prisme de la cour présidentielle, se sont aventurées sans expertise dans des dossiers sensibles. « Ces médias, souvent proches des pouvoirs mauritaniens et les plus privilégiés, ont cru pouvoir jouer aux apprentis sorciers en relayant des contentieux régionaux. Résultat : ils se trouvent instrumentalisés par les deux camps.
Escalade des Accusations : Alger Contre-Attaque en 2023
La tension médiatique a connu un rebondissement en janvier 2023, lorsque l’ambassade d’Algérie à Nouakchott a condamné à son tour ce qu’elle a qualifié d’« ingérence extérieure » dans le paysage médiatique mauritanien. Dans un communiqué officiel, l’ambassade dénonçait une « honte qui doit être combattue par les institutions compétentes », visant implicitement le Maroc. Le texte accusait des « réseaux mystérieux affiliés à un bureau diplomatique d’un pays connu pour sa haine de l’Algérie » d’inspirer des articles visant à « contrecarrer et harceler la coopération algéro-mauritanienne ».
Un Jeu de Miroirs Géopolitique
Cette sortie algérienne, restée sans réponse officielle de Rabat, illustre le climat de défiance réciproque. « Chaque camp renvoie l’autre à ses propres méthodes, dans un cercle vicieux où la Mauritanie sert de champ de manœuvres », des archives déclassifiées révèlent que les médias ciblés par Alger en 2023 étaient souvent les mêmes que ceux dénoncés par le Maroc en 2014, confirmant leur exposition aux pressions croisées.
2014-2025 : Les Leçons d’une Lettre-Témoin
Le document de feu Benomar illustre parfaitement cette dynamique. Il reprochait aux sites ciblés de reprendre des articles de la presse marocaine « susceptibles d’envenimer les relations avec Nouakchott », une pratique que Rabat attribuait à des « commandes algériennes ». Cependant, il faut souligner que la presse marocaine elle-même ne manquait pas de publier des articles pouvant attiser les tensions avec la Mauritanie. De ce côté, force est de constater que certains médias marocains ne se privaient pas de multiplier les attaques gratuites, que ce soit contre les pouvoirs en place, contre le pays lui-même, ou même contre les Mauritaniens. Ces attaques, souvent démesurées, poussaient à s’interroger sur leurs motivations profondes. Pour les observateurs avertis et les spécialistes de géopolitique, ces prises de position de la presse marocaine étaient des signaux clairs que Rabat n’était pas satisfaite de la situation.
Parallèlement, le document de feu Benomar soulignait, à cette époque, le décalage entre ces « campagnes agressives » et les déclarations apaisantes de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui niait toute crise avec le Maroc dès avril 2014.
Un Héritage Toxique en 2025
En 2025, malgré la disparition de certains médias incriminés, le schéma persiste. Des nouveaux sites et journaux, tout aussi inexpérimentés, reproduisent les mêmes erreurs ; ils s’aventurent dans des sujets géopolitiques complexes sans formation, devenant des proies faciles pour les ‘’services étrangers’’, c’est l’approche et méthode qui portent préjudice souvent aux relations diplomatiques de la Mauritanie avec sa région ; une situation aggravée par la méfiance persistante entre Alger et Rabat, qui n’ont toujours pas de relations diplomatiques.
Cette fuite de 2014 rappelle que la Mauritanie, bien que neutre en apparence, reste un maillon faible dans l’équation maghrébine. Entre des médias oscillants entre amateurisme et allégeances changeantes, et des voisins cherchant à tirer profit de ces failles, le pays peine à protéger son espace informationnel. Quand on s’assoit à la table des grandes rivalités régionales sans en avoir les codes, on finit souvent en cible. »
Moulaye Najim Moulaye Zeine
