Sahara occidental : l’ONU prolonge la MINURSO et tente de préserver un fragile équilibre diplomatique
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté, vendredi, la résolution 2797 (2025), prorogeant jusqu’au 31 octobre 2026 le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).
Présenté par les États-Unis, le texte a fait l’objet de plus de trois révisions successives avant d’être soumis au vote, signe des divergences persistantes entre les membres du Conseil sur la manière d’aborder le dossier du Sahara occidental.
La résolution réaffirme la nécessité d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, fondée sur le consensus et conforme aux principes de la Charte des Nations Unies, notamment le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Tout en rappelant ce principe, le texte souligne qu’une autonomie sous souveraineté marocaine pourrait représenter « la solution la plus viable » pour mettre fin à un conflit vieux de plusieurs décennies. Cette formulation, qui cherche à ménager à la fois Rabat et le Front Polisario, illustre la complexité du dossier et la difficulté diplomatique de l’ONU à se situer entre les deux protagonistes.
Des réactions diamétralement opposées
Le Front Polisario a immédiatement rejeté la résolution, dénonçant un texte « déséquilibré » et affirmant qu’il ne participera à aucune négociation fondée sur des propositions visant à « légitimer la présence marocaine ». Le mouvement sahraoui a rappelé qu’il avait soumis à l’ONU des propositions en 2005 et 2007 pour un référendum d’autodétermination, et a accusé le Conseil de sécurité de s’écarter du cadre de décolonisation établi par les précédentes résolutions.
À l’inverse, le Maroc a accueilli favorablement le vote. Dans un discours officiel, le roi Mohammed VI a salué « une étape décisive », estimant que la communauté internationale reconnaît désormais la crédibilité et la pertinence de l’initiative marocaine d’autonomie. Le Souverain a déclaré que le dossier du Sahara est définitivement clos, appelant à renforcer la stabilité et le développement dans les provinces du Sud.
Un équilibre diplomatique précaire
Même si la résolution réconforte Rabat et irrite le Polisario, elle met en évidence le niveau de complexité et d’ambivalence de la position onusienne. En associant la référence à l’autonomie marocaine à celle du droit à l’autodétermination, le Conseil de sécurité cherche à préserver un fragile équilibre diplomatique, au risque de laisser subsister des contradictions.
Pour plusieurs analystes, cette résolution, fruit de longues négociations et de compromis successifs, témoigne d’une ONU soucieuse de ne pas rompre le dialogue, tout en entérinant l’évolution du rapport de force diplomatique favorable au Maroc.
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