Tribune / LA VALSE DU POUVOIR AFRICAIN ENTRE COUPS ET COMPLOTS D’ETAT

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Moussa Kanté

Le pouvoir est partout à travers le monde objet de convoitises. Toutefois, le pouvoir africain se singularise par une instabilité, une conflictualité, un appétit qui dépassent l’entendement.

Dans un de ses chants réputés, Youssou Ndour avançait péremptoirement, je le cite : «la cause des disputes et conflits, donc de l’instabilité en Afrique ne se situe nulle part, ailleurs, que dans l’obsession du pouvoir de l’homme noir ou tout simplement de l’africain». Un autre grand de la musique sénégalaise en la personne de Thione Seck de lui rétorquer «kou sagnone nék bour» (tentative de traduction : qui pouvait être roi ou régent de ses semblables ne s’en priverait certainement pas). Ainsi, nous voyons bien que le pouvoir constitue un lieu de convoitise et de concurrence. Il est de ce fait un lieu de convergence et de confrontation.

Si notre perception de l’obsession humaine en face du pouvoir, pas aussi catégorique que celle de Youssou Ndour, inclut aussi bien les autres que l’africain (l’obsession du pouvoir n’est pas l’apanage de l’africain), force est de reconnaître qu’en Afrique plus que partout ailleurs, le pouvoir par sa conquête et sa conservation, mais surtout par sa transmission, sa succession, sa passation est, aujourd’hui, encore un grand motif d’angoisses et de désolations. Et même si, dans des Etats cinquantenaires et d’idéal démocratique, le pouvoir doit être objet de transmission par voie électorale et non de succession à travers une désignation minoritaire, en Afrique la dévolution du pouvoir est le plus souvent nébuleuse. C’est dire qu’en Afrique, aujourd’hui, ne devons-nous pas plutôt parler d’extorsion, de subtilisation, de confiscation, et de rétention du pouvoir. Incité en cela par l’actualité coutumière africaine, existe-t-il une tradition de transmission réellement transparente du pouvoir en Afrique ?

Dans les faits, s’il est une période où la hantise est à son paroxysme, chez les observateurs de la scène politique, ou tout simplement soucieux de la stabilité africaines, c’est bien celle allant de la veille des élections jusque l’après élections. Qui ne se souvient pas du goût d’exploit qu’on eu les alternances propres, pacifiques, par la volonté populaire au Sénégal et au Botswana. Donc, la transmission transparente du pouvoir, la règle ailleurs, est l’exception en Afrique; ainsi, « l’alternance n’est pas l’option d’un régime mais s’impose à lui ».

Les éléments étayant un tel accaparement font légion : coups et complots d’Etat perpétrés diversement. Par coups, il est surtout question dans notre acceptation d’un renversement du régime en place. Par complots, nous pointons du doigt les agissements des détenteurs du pouvoir allant dans le sens de sa confiscation malgré la volonté populaire. Dans les deux cas, les exemples africains sont à foisons, la liste des pays en cause serait trop longue à énumérer. N’est ce pas une quasi régle ?

Devant ce tableau africain et singulier, nous pouvons tous constater qu’en Afrique, le pouvoir à travers sa transmission était et demeure aujourd’hui encore, une affaire de témérité et non d’unanimité. Cette mauvaise transmission est pour beaucoup source de mauvaise gestion et de frictions, car elle n’aboutit pas à ce que les anglophones appellent «right man in right place».

Le futur étant œuvre du présent, c’est un simple constat que de dire qu’avant même sa transmission, l’exercice du pouvoir, la marche institutionnelle, en Afrique souffre d’une désertion de responsabilités. La défunte philosophe sénégalaise, Aminata SYLLA parlait d’assimilation réciproque des élites. Ce dont on est sûr, est que souvent l’enjeu fait le jeu déloyal, et le jeu démocratique tourne à l’enjeu militaire, l’escalade devant être l’exception, est donc l’issue la plus partagée en Afrique.

La valse du pouvoir africain entre coups et complots d’Etat n’est donc pas prête de connaître son épilogue. Par sa perpétuation et son étendu, à tous les échelons de décision, la désertion de responsabilités, aujourd’hui, en Afrique constitue une négation institutionnelle et fonctionnelle, terreau de toutes les dérives. En effet, par une confiscation institutionnalisée de sa volonté à travers une représentation douteuse, le péril populaire n’est pas seulement électoral, mais aussi dans l’exercice et la convoitise du pouvoir. On assume ou trahit sa responsabilité comme aime à le rappeler le Dr Cheikh Tidiane GADIO.

Toujours, dans une quête cupide d’intérêts personnels et ou particuliers, dans le monde économique, la course aux profits et aux ressources semble légitimer tous les coups. La conséquence conflictuelle de la compétition économique est souvent le fait de multinationaux se livrant à une concurrence déloyale.

L’appartenance culturelle sous la forme d’un communautarisme est aussi un critère de distinction ou différenciation des personnes réunies dans une localité définie. Et cette différence culturelle si pas alliée à un brassage ou métissage intelligent et fécond, tourne le plus souvent à une bataille rangée (La Cote d’ivoire avec son concept d’ivoirité)

L’institution sécuritaire regroupant les forces armées et de sécurité est elle aussi, du fait, d’une négation ou désertion de responsabilité à l’origine de renversements du pouvoir démocratique sinon d’effroyables escalades (au Niger, en Guinée Bissau)

Ainsi, les hommes sous des formes d’engagement et dans des corporations divers, avec comme alibi une démarche et marche modèles de leurs affaires, visant l’ordre versent aisément dans le désordre.

Au carrefour, des combinaisons des dimensions sociales, spatiales et temporaires, la géographie à toutes ses trois dimensions, est affectée, entachée par la discordance et ou le conflit. Et, de par son triangle de définition : espace, temps et société, la géographie ne pouvait échapper au conflit quelqu’il soit. De même, que le conflit ne peut éclore et s’exprimer hors de la géographie. Après la conflictualité de l’homme car tiraillé défendable, la conflictualité de la géographie car globalisante ou «omniprésente» est incontournable.

En conclusion, pensant à l’auteur d’une vie de boy, Ferdinand OYONO ; le pouvoir africain est malmené du fait de la gourmandise de ses élites. Et le mouvement des étudiants panafricains de l’université de St Louis du Sénégal (MEPUS) les indexe : votre gourmandise vous perdra !

Moussa Kanté  

Mouvement des étudiants panafricains de l’université de St louis du Sénégal (MEPUS)

Université Gaston Berger de St Louis (UGB)

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