Beaucoup de zones d’ombres pèsent encore lourdement sur les mobiles occultés du limogeage spontané et spectaculaire de la ministre de la culture, de la jeunesse et des sports Mme Cissé Mint Cheikh Ould Boidé, survenu la semaine dernière suite à un présumé scandale se rapportant au marché du stade régional de Nouadhibou où son époux officier de l’armée serait impliqué.
Quelques jours après cette mesure individuelle la plus inédite du genre dans le gouvernement du Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, dont tous les ministres révoqués depuis 2009 à nos jours, l’avaient été de manière plus moins décente, ainsi que les dispositions administratives qui l’ont accompagnée, la vérité semble être toute autre que celle qui se présente de prime abord aux observateurs le plus avertis.
Une vérité entourée de tout le mystère en raison de ses aspects sécuritaires que nous nous efforcerons de décrypter dans l’approche suivante, partant des contours juridiques relatifs à cette décision d’arrestation des personnes compromises dans cette affaire d’une part et de disgrâce de Mme la ministre d’autre part qui continuent de défrayer la chronique, alors que les scandales financiers et moraux sont le lot quotidien de membres du gouvernement toujours à l’abri de toute tracasserie.
Faut-il d’emblée porter ici à l’appréciation de l’opinion désabusée et consternée par cette mesure et par ces mises en garde à vue, les irrégularités juridiques flagrantes des arrestations qui ont précédées le limogeage de Mme la ministre ainsi que l’abstention de la Présidence de la République et de la réunion du conseil des ministres tenue jeudi dernier de désigner un successeur à cette dame, pour assurer la continuité de la gestion d’un département ministériel sur lequel le chef de l’Etat compte beaucoup pour valoriser le patrimoine culturel national, susciter l’espoir chez la jeunesse et ouvrir la voie au sports pour aller à la conquête de la célébrité.
Violation des procédures régulières
En effet, la loi mauritanienne se rapportant aux gestions suspectes des marchés attribués par les établissements publics à des soumissionnaires, ne stipule en aucun cas et quel que soit l’infraction commise un emprisonnement de l’individu incriminé dans des falsifications de faux documents, comme cela s’est produit avec le trio impliqué dans ce scandale du stade régional de Nouadhibou composé du mari de la ministre révoquée, du frère de l’ancien Premier ministre Zeine Ould Zeidane et du président de la commission des marchés- département de la culture qui n’a vu ni connu ce marché.
La procédure régulière suivie pour ce cas de figure porte plutôt sur la suspension immédiate du marché, sinon la saisie du président de la commission centrale des marchés des irrégularités pour prendre les mesures appropriées sinon au pire des cas à l’élargissement du responsable administratif autre de l’abus à la chose publique.
Des options que les autorités ont ignoré bonnement, versant à travers ces mesures improvisées et urgentes à détourner l’opinion des dessous d’un scandale dans le seul but d’occulter une certaine faille sécuritaire, capable de miner lentement mais surement l’harmonie précaire que les pouvoirs militaires et civils n’ont cessé de montrer depuis aout 2008.
La partie immergée de l’iceberg
Comme l’a si bien dit Vlane, « Ce qui intéresse le citoyen lambda, ce n’est pas tant les mesures, même mieux que rien, que l’enfumage général. Un époux au trou si vite, une ministre limogée, un général qui aide son ami, un président de la FFRIM, homme d’affaires, activement innocent. Une affaire juteuse bien de chez nous, aucun innocent. 3 milliards cela vaut bien un scandale à couteaux tirés et malheur aux vaincus au royaume du trafic d’influence généralisé ».
Mais encore, ces suspicions se sont alourdies par d’autres mesures étranges en matière de licenciement d’un membre du gouvernement, du fait que la tradition démocratique par excellence et mauritanienne a toujours été marquée par le remplacement d’un ministre sortant par un successeur.
Autrement dit le décret présidentiel rattachant le département de la culture, de la jeunesse et des sports au ministère des affaires sociales, de la famille et de l’enfance, laisse voir en filigrane cette fissure sécuritaire.
A ce stade, faut-il souligner ici pour mieux cerner ces non-dits, que le ministère rattachée à été inscrit au menu des compétences d’une femme, épouse elle aussi d’un colonel comme Mme Cissé, voire même à une ministre elle-même déjà une ex belle-mère du haut officier interpellé dans le scandale du stade régional de Nouadhibou.
Ces éléments compromettants et suffisants pour conduire les méfiants à revoir leurs points de vue sur ces arrestations et cette mesure individuelle, sont aujourd’hui le centre de discussions des coulisses militaires et civiles, dégageant des avis qui mettent totalement en question l’authenticité d’une lutte contre la gabegie, fondant leurs jugements sur le fait que Mme Cissé et les personnes interpellées dans l’affaire du stade régional de Nouadhibou ne constituent pas un cas isolé et qu’au contraire, plusieurs ministres sont trempés dans des scandales plus graves.
Mesures parallèles compromettantes
Un autre élément non encore porté à la connaissance de l’opinion, serait aussi au menu de cette volonté des autorités de dévier les faits de leur véritable trajectoire régulière. Il s’agit, indique-t-on auprès de sources concordantes de la nomination d’un nouveau patron du BASEP. Une mesure passée sous silence qui pourrait faire tomber le masque de cette panne sécuritaire tout en soulevant des questions, a savoir pourquoi c’est la gendarmerie qui s’occupe de l’enquête ? comment se fait que se sont trois jeune homme tous de la même tribut dont les membres par des milliers dans le corps de l’armée ? Une mesure qui intervient aussi dans un contexte caractérisé par des visites effectuées par l’homme fort de Nouakchott à l’intérieur du pays ainsi que par le voyage à l’étranger du chef général de l’état-major des forces armées à Paris.
Autrement dit, contrairement au politique qui peut aller en boitant, le sécuritaire, déjà pris dans l’engrenage du terrorisme et des petites insurrections de ces cercles mécontents, ne supporte pas les irrégularités, toujours capables d’accoucher de mutineries et de déclencher de manière irréversible un printemps si un été sécuritaire.
Ceci est d’autant plus que la mesure prise auparavant contre le wali de Tiris Zemmour, alors qu’il devait faire valoir ses droits au grade de Général avant d’être limogé et d’être supprimé de la liste d’avancement, sont susceptibles de créer des foyers de tension parallèles capables eux aussi d’attiser le malaise sécuritaire qui couve et qui devient de plus en plus perceptible malgré le blackout total mis en place pour l’étouffer.
Le scandale proprement dit
Le scandale relatif au stade régional de Nouadhibou qui continue de faire couler beaucoup d’encre porte sur un marché de 2 483 007 263 d’ouguiyas. Il a été attribué à la société sénégalaise SDTPEF (société d’origine Bissau guinéenne), représentée localement par la société mauritanienne NTPR appartenant à Mahfoudh Ould Zeidane, le frère germain de l’ancien Premier ministre Zeine Ould Zeidanedont l’offre était considérée comme étant la plus techniquement et financièrement conforme aux conditions.
Mais, cette société avait un concurrent, en l’occurrence la société STS de Abdellahi Ould Ahmeyada, associé dans sa proposition à Ahmed Ould Abderrahmane Ould Lekwar, président de la Fédération mauritanienne de football, qui représente à son tour la société espagnole RIJCO / TP, laquelle avait juré de lui créer tous les problèmes possibles pour la contraindre à renoncer au marché, notamment à travers la mise en marche d’un réseau de trafic d’influence dans les articulations militaires et civiles de l’Etat pour gagner ledit marché.
MN
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