Alors que la diphtérie et la fièvre de la vallée du Rift ravagent la région, les autorités sanitaires se murent dans un silence inquiétant. Entre morts, peur et opacité, les habitants d’Assaba dénoncent un abandon total.
À retenir
- 97 cas de diphtérie confirmés, dont 8 décès
- 9 cas de fièvre de la vallée du Rift, dont 4 décès
- Silence total des autorités sanitaires locales
- Population désinformée et livrée à elle-même
Une double crise sanitaire qui s’aggrave
La région de l’Assaba fait face à une situation sanitaire sans précédent. Selon un responsable du secteur de la santé cité par l’Agence Kiffa d’Information, 97 cas de diphtérie ont été enregistrés, entraînant huit décès, dont sept à Tenaha et un à Kankossa. Si la majorité des patients ont pu être soignés, dix restent encore sous surveillance médicale.
En parallèle, la fièvre de la vallée du Rift poursuit sa progression. Neuf cas ont été recensés, dont quatre mortels. Quatre autres patients demeurent hospitalisés au Centre hospitalier de Kiffa. Deux de ces cas proviendraient de régions extérieures à l’Assaba, faisant craindre une propagation interrégionale.
Silence et opacité : les autorités sous pression
Alors que les chiffres s’alourdissent, le silence des autorités locales interroge. Aucun communiqué, aucune conférence de presse, aucune mise à jour publique sur la situation. Cette opacité suscite incompréhension et colère parmi la population.
« Le manque de transparence tue autant que la maladie », dénonce un acteur associatif local. « Sans informations claires, les gens ne savent pas comment se protéger. Certains paniquent, d’autres baissent la garde. »
Ce mutisme compromet les efforts de prévention. Les citoyens, livrés aux rumeurs, peinent à distinguer le vrai du faux. Dans une région où la confiance envers les institutions reste fragile, le silence devient un terreau fertile pour la désinformation.
Sur le terrain, la peur et le désarroi
Dans plusieurs localités, des témoignages évoquent des malades isolés sans encadrement médical et des familles contraintes de gérer seules leurs proches infectés. Les structures sanitaires locales, déjà sous-équipées, peinent à répondre à l’urgence.
« On ne sait plus à qui faire confiance », confie un infirmier sous anonymat. « Ce silence n’est pas seulement une erreur : c’est un danger public. »
Face à cette double épidémie, les habitants se sentent abandonnés, sans directives ni soutien. Les mesures de prévention demeurent floues, et la peur gagne du terrain. Dans les rues de Kiffa comme dans les villages environnants, la rumeur remplace l’information.
Un appel pressant à la transparence
Médecins, ONG et acteurs communautaires appellent désormais les autorités sanitaires à rompre le silence et à informer la population en toute transparence. Car dans une région où la rumeur circule plus vite que le remède, le manque d’information risque de coûter encore plus de vies.
À Assaba, le silence est devenu un virus à part entière.
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