Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a évoqué dimanche à Alger l’ouverture d’« une nouvelle phase » dans les relations franco-algériennes, marquant la volonté des deux pays de tourner la page après huit mois de tensions diplomatiques.
À l’issue d’un entretien de deux heures et demie avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, M. Barrot a souligné la « volonté commune » des deux parties de « reconstruire un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé ». Cette visite, organisée moins d’une semaine après un appel téléphonique entre MM. Tebboune et Macron, confirme la reprise du dialogue entre Paris et Alger.
Relancer la coopération
Le chef de la diplomatie française a insisté sur la nécessité de « tourner la page des tensions » et d’« agir avec efficacité », annonçant une « réactivation des mécanismes de coopération » entre les deux pays. « Nous revenons à la normale », a-t-il déclaré, jugeant que la crise récente « ne servait ni les intérêts des Algériens ni ceux des Français ».
Lors d’une réunion de travail avec son homologue algérien Ahmed Attaf, les deux ministres ont abordé l’ensemble des sujets de discorde, avec pour objectif de « retrouver la dynamique et l’ambition » fixées lors de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie en août 2022.
Les origines de la crise
Les relations entre les deux pays s’étaient fortement dégradées à partir de l’été 2024, après le soutien public de Paris à un plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, un territoire revendiqué par le Front Polisario, soutenu par Alger. L’Algérie avait alors rappelé son ambassadeur en France.
Les tensions s’étaient encore accentuées avec l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, puis le refus d’Alger d’expulser des influenceurs algériens réclamés par la France. Le point culminant avait été atteint fin février, lorsque le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau avait accusé l’Algérie après un attentat en France perpétré par un Algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF).
Vers une collaboration renforcée ?
Aujourd’hui, avec la reprise du dialogue, les deux pays entendent « retrouver les voies de la coopération », notamment sur les questions sécuritaires. M. Barrot a annoncé une reprise des échanges entre services de renseignement ainsi qu’un « dialogue stratégique sur le Sahel », une région où l’Algérie joue un rôle clé en tant que voisine du Mali et du Niger.
Cette visite marque-t-elle un véritable tournant, ou simplement une accalmie temporaire ? Les prochains mois permettront de le vérifier.
Avec /AFP