Le Conseil Supérieur des Maliens de l’Extérieur (CSME) a officialisé l’exclusion définitive d’Ishaka Traoré, président de sa section mauritanienne, pour des déclarations jugées « irrespectueuses » envers les gouvernements du Mali et de la Mauritanie. Une décision qui intervient dans un contexte de double crise : des tensions internes à la diaspora malienne et une campagne sévère menée par Nouakchott contre la migration irrégulière, ciblant des ressortissants ouest-africains mais aussi asiatique.
Expulsions et campagne anti-migration
Selon des données officielles, près d’un million d’immigrés sont recensés en Mauritanie, pour une population totale estimée à 4 millions d’habitants un ratio sans équivalent dans la région. Ce pays, plaque tournante des routes migratoires vers l’Europe, durcit son ton face aux flux clandestins. Récemment, des centaines de ressortissants maliens, sénégalais et ivoiriens ont été reconduits aux frontières dans le cadre d’opérations présentées comme une lutte contre les réseaux de passeurs. Ces expulsions, justifiées par les autorités mauritaniennes comme un « impératif sécuritaire », alimentent les inquiétudes parmi les communautés étrangères, déjà confrontées à des procédures de régularisation qualifiées de « tortueuses ».
C’est dans ce climat tendu que le CSME a sanctionné Ishaka Traoré, accusé par la Coordination des associations maliennes en Mauritanie d’avoir tenu des propos « portant atteinte à la souveraineté » du pays hôte.
La communauté malienne, l’une des plus importantes en Mauritanie, dénonce un « double étau » : difficultés accrues à obtenir des titres de séjour et risques d’expulsion. Une délégation s’est récemment entretenue avec le député et militant Biram Dah Abeid, connu pour son combat en faveur des droits des minorités, afin de trouver des solutions face à ces « conditions draconiennes ». Sans résultat concret pour l’heure.
Si la crise migratoire attise les tensions entre la Mauritanie et ses voisins, les réactions officielles restent mesurées.