Comment le Plan Stratégique d’Entreprise (PSE) de la SNIM mise sur l’innovation et les partenariats pour transformer l’économie nationale
La Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), pilier de l’économie mauritanienne, a lancé un ambitieux Plan Stratégique d’Entreprise (PSE) visant à tripler sa production de minerai de fer d’ici 2045 et à positionner le pays comme un hub minier régional.
Avec près de 700 collaborateurs mobilisés lors de séminaires à Nouadhibou et Zouerate, ce plan repose sur une stratégie industrielle intégrée, combinant optimisation des coûts, diversification et partenariats internationaux.
La Banque mondiale a annoncé le jeudi 27 mars avoir approuvé le Projet de développement des ressources énergétiques et d’appui au secteur minier (DREAM) en Mauritanie. Si cette initiative vise notamment à soutenir des projets d’énergies renouvelables et d’hydrogène vert, elle devrait également permettre au pays de mieux « estimer et valoriser son important potentiel minier ».
Mais dans un contexte de volatilité des prix des matières premières et de transition énergétique mondiale, ce projet est-il économiquement viable ? Quels sont ses impacts pour la Mauritanie et l’Afrique de l’Ouest ?
Décryptage économique.
- Une ambition industrielle alignée sur les dynamiques mondiales
Contexte international : Un marché en mutation
- La demande mondiale en minerai de fer devrait croître de 2,5 % par an jusqu’en 2030 (World Steel Association), tirée par la reconstruction post-Covid et l’essor des infrastructures en Asie et Afrique.
- Cependant, la concurrence régionale s’intensifie, avec l’émergence de projets structurants comme Simandou (Guinée) et Gara Djebilet (Algérie).
- Les acheteurs internationaux (Chine, UE) privilégient désormais un minerai à faible empreinte carbone, poussant les producteurs à investir dans des procédés plus verts.
- La réponse du PSE : Compétitivité et montée en gamme
La SNIM mise sur trois leviers pour se différencier :
- Augmentation de la production(45 Mt en 2031 → 80 Mt en 2045).
- Partenariats industriels(50 % de la production externalisée d’ici 2045).
- Transformation locale(pellets et HBI, des produits à plus haute valeur ajoutée).
« Les pellets et le HBI offrent une marge 15 à 20 % supérieure au minerai brut. C’est une stratégie gagnante pour capter les marchés premium. »
(Source : McKinsey)
- Rentabilité et financement : Un modèle économique résilient ?
Projections financières
Horizon 2031 : Avec 45 Mt produites et un prix moyen estimé à 80-90 /t, le chiffre d’affaires pourrait atteindre 3,5 à 4milliards/t, le chiffre d’affaires pourrait atteindre3,5 à 4 milliards.
- Horizon 2045 : À 80 Mt, la SNIM figurerait parmi les 10 premiers exportateurs africains de minerai de fer.
Gestion des risques
- Volatilité des prix : Le plan intègre des tests de sensibilité, montrant une résilience même à 60 $/t (grâce à une réduction des coûts opérationnels).
- Dépendance logistique : Le port de Nouadhibou, clé pour l’export, doit être modernisé pour éviter des surcoûts (actuellement 20-25 % du prix FOB).
Financement et attractivité
- La SNIM compte sur des joint-ventures (ex : partenariats avec EL AOUJ et ATOMAI) pour limiter ses investissements directs.
- Levier clé : Attirer des fonds souverains et des sidérurgistes internationaux (ArcelorMittal, POSCO) intéressés par les pellets verts.
- Impact macroéconomique : Emploi, diversification et dépendance
Emploi et développement local
- Les projets F’Derick (+2 Mt) et TIZERGHAF (+6 Mt) devraient créer 5 000 emplois directs d’ici 2031.
- Le pilier « écosystème local » prévoit des formations techniques et l’intégration de PME mauritaniennes dans la chaîne d’approvisionnement.
Réduction de la dépendance minière
- Aujourd’hui, le secteur minier représente 40 % du PIB mauritanien.
- Le PSE pourrait rééquilibrer l’économie en développant :
- La transformation locale (pellets, HBI).
- Les énergies renouvelables (solaire pour les sites miniers).
« Si la SNIM réussit sa montée en gamme, elle pourrait ajouter 30 % de valeur à ses exportations, réduisant la vulnérabilité aux cours mondiaux. »
(Source : Banque Mondiale)
- Défis et opportunités : La course à la durabilité
Transition énergétique : Un impératif commercial
- L’UE impose désormais une taxe carbone aux frontières (CBAM), pénalisant les importations d’acier polluant.
- La SNIM répond en visant 30 % d’énergies renouvelables dans ses opérations d’ici 2031.
Benchmark international : Les leçons du Brésil
- Vale, géant brésilien du minerai, a réduit ses coûts de 12 % via l’automatisation et des partenariats logistiques.
- La SNIM pourrait s’en inspirer pour optimiser sa chaîne de valeur.
Un projet structurant pour l’Afrique de l’Ouest
Le PSE de la SNIM ne se limite pas à une simple expansion minière : c’est un catalyseur de développement économique.
Succès conditionnels :
✔ Modernisation des infrastructures (port, énergie).
✔ Mobilisation de capitaux étrangers.
✔ Adaptation aux normes environnementales.
Si ces défis sont relevés, la Mauritanie pourrait s’imposer comme un acteur incontournable du minerai de fer en Afrique, avec des retombées durables sur son économie.
. Points clés à retenir
– 80 Mt = Objectif de production en 2045 (x6 vs. 2023).
– 50 % de la production en partenariats pour limiter les risques.
– 3,5-4 Md$ de CA envisagés en 2031.
– 5 000 emplois directs créés d’ici 2031.
Perspectives
- 2025-2030 : Premiers résultats concrets (projets F’Derick, TIZERGHAF).
- 2031 : Évaluation de la compétitivité face à Simandou (Guinée).
Le PSE est plus qu’un plan minier : c’est une feuille de route pour l’industrialisation de la Mauritanie.
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