L’Union européenne renouvelle un soutien controversé à la Mauritanie : entre gestes symboliques et enjeux économiques
Nouakchott réagit avec ironie face au dernier engagement financier de Bruxelles. Le Conseil de l’Union européenne a officialisé une troisième injection de 20 millions d’euros en faveur des forces armées mauritaniennes, dans le cadre du Mécanisme européen de paix. Un montant qualifié de « dérisoire » par certains observateurs locaux, qui y voient une compensation insignifiante au regard des intérêts économiques européens dans la région.
Un partenariat déséquilibré
Depuis 2022, l’UE a alloué trois enveloppes militaires totalisant 47 millions d’euros, destinées à moderniser les équipements de surveillance terrestre et maritime de la Mauritanie. Ce pays, pivot de la lutte antiterroriste et du contrôle migratoire au Sahel, assure une protection stratégique des frontières maritimes européennes. Pourtant, ces fonds suscitent des railleries parmi les décideurs mauritaniens, dénonçant un « geste de façade » sans rapport avec les retombées économiques que l’UE tire du territoire.
Ressources halieutiques : l’ombre d’un déséquilibre
Un contraste saisissant émerge entre l’aide européenne et l’exploitation intensive des eaux mauritaniennes. Des experts révèlent que les flottes européennes extraient annuellement pour 3 milliards de dollars de ressources halieutiques une manne face à laquelle les subsides militaires semblent dérisoires. « Ce soutien symbolique masque mal une relation asymétrique », analyse un économiste interrogé par Al-Muheet.
Une armée autonome saluée malgré les limites
Malgré des moyens modestes, les forces mauritaniennes ont opéré une mue remarquable ces dernières années. Grâce à des réformes internes et un professionnalisme croissant, elles ont éradiqué les groupes armés salafistes et renforcé leur surveillance tri-dimensionnelle (aérienne, terrestre, maritime). Cette transformation, saluée internationalement, repose majoritairement sur des efforts locaux, interrogeant l’impact réel de l’aide européenne.
Alors que Bruxelles met en avant son « soutien à la stabilité régionale », les critiques s’amplifient sur le terrain, dénonçant une coopération déséquilibrée où les priorités sécuritaires de l’UE occultent des enjeux économiques bien plus substantiels.