Le 22 octobre 1987 un coup d’Etat militaire entrepris par de jeunes officiers et sous-officiers Noirs est déjoué, à la veille même de son exécution, suite à une dénonciation. Son ambition était de mettre fin au racisme d’Etat et instaurer une Mauritanie égalitaire.
Son avortement donna lieu à des arrestations massives d’officiers, sous-officiers et hommes de troupes Négro-africains dans tous les corps militaires, et pratiquement dans toutes les importantes bases militaires du pays. 51 officiers et sous-officiers furent jugés au cours d’un procès qui eut lieu à Jreïda, Base militaire située près de Nouakchott, du 18 octobre au 3 décembre 1987.
Le verdict fut rendu le 3 décembre 1987. Il y eut plusieurs condamnations, dont trois à la peine capitale : le 6 décembre 1987, à l’aube, les lieutenants Sarr Amadou, Bâ Seydi et Sy Saïdou furent passés par les armes. Ils faisaient partie des 6 officiers concepteurs du coup d’Etat avorté le 22 octobre 1987.
Les autres condamnés (35) seront nuitamment conduits sur le site du Centre Emetteur aux abords de Nouakchott. Ils y trouveront les militants des FLAM, emprisonnés à Nouakchott depuis 1986. OUALATA sera leur destination pour un même destin.
Bâ Alassane Oumar, Bâ Abdoul Khoudouss et Djigo Tabssirou y trouveront la mort du fait des terribles conditions de détention (béribéri, faim, absence d’hygiène et de soins, etc.) Ils seront enterrés par leurs camarades conformément aux prescriptions islamiques en la matière. Ten Youssouf Guèye, lui, décédera à Néma peu de temps après y être arrivé pour y être soigné.
Quand on parle des évènements qui ont marqué tragiquement la vie du pays, tentons de restituer les faits historiques de manière objective et exhaustive. En répondant à des questions simples : Quoi ? Qui ? Quand, Pourquoi ? Comment ? D’autant plus que ces faits ont eu lieu il y a 24 ans. Beaucoup de ceux qui s’y intéressent n’étaient pas nés ou s’ils l’étaient, ils ne les ont pas vécus.
Edulcorer ces faits, les amputer, ou passer sous silence tel ou tel autre aspect d’une réalité historique, quelle qu’en soit la raison, cela ne sert pas l’information objective et crédible et ne permet pas aux lecteurs de se faire une opinion indépendante en toute objectivité. Opinion qui peut ne pas nous être nécessairement favorable.
Que la réalité des faits soit favorable ou non à une cause, à un combat, il faut toujours la dire ou la taire. Mais quand on opte pour la dire, il faut se garder de l’amputer ou de la prostituer par omission involontaire ou à dessein. Pour ce faire, la contextualisation est nécessaire, l’usage des mots et notions qui désignent la réalité telle qu’elle a existé, utile.
Mieux vaut assumer ses actes, quitte à faire une autocritique s’il y a lieu, que de les nier ou de les présenter sous un jour qu’on pense plus élogieux ou favorable pour soi. Ne prenons pas la posture qu’on critique chez les autres.
S’agissant de la tentative de Coup d’Etat d’octobre 1987, ses auteurs l’ont toujours revendiquée et assumée, y compris devant le peloton d’exécution, et en dépit des erreurs et fautes graves commises dans sa conception et sa préparation. Ils l’auraient revendiquée et assumée aujourd’hui encore, même si le terme « putschiste » suscite, et à juste titre, plus d’aversion que de sympathie.
Quoi qu’il en soit, nous revendiquons et assumons la tentative de Coup d’Etat de 1987. Nous l’avons fait à maintes occasions en justifiant largement notre position pour qu’il faille s’y étaler présentement.
Par Alassane Harouna BOYE
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