Lors de sa seconde comparution devant la cour d’appel de Nouakchott, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a dénoncé, une nouvelle fois, la nature politique du procès intenté contre lui. Rejetant sa légitimité, il a accusé des parties de vouloir le cibler personnellement, tout en réaffirmant des déclarations explosives impliquant le président actuel, Mohamed Ould Ghazouani, dans l’affaire des « biens mal acquis ». Selon Aziz, 70 % de sa fortune proviendrait de Ghazouani, une déclaration qui a marqué cette audience.
Une contestation constitutionnelle
Devant la chambre criminelle de la cour d’appel, Ould Abdel Aziz a insisté sur l’illégalité de la procédure engagée contre lui. Se référant à l’article 93 de la Constitution mauritanienne, qui garantit l’immunité aux anciens chefs d’État pour les actes accomplis durant leur mandat, il a dénoncé un acharnement judiciaire orchestré pour des raisons politiques. Aziz a notamment affirmé que, dès son départ du pouvoir, des plaintes ont été déposées contre lui, mais que l’ancien procureur général avait initialement rejeté ces plaintes sur ordre de Ghazouani.
Il a ajouté que ce retournement de situation serait le résultat de pressions exercées par certains partis politiques et acteurs influents. Tout en rejetant l’utilisation de l’article 93 pour sa propre défense, il a rappelé les cinq années passées sous restrictions de liberté et à subir ce qu’il qualifie de « ciblage arbitraire ».
Défense de son bilan et accusations croisées
Ould Abdel Aziz a pris soin de défendre son bilan à la tête de l’État, mettant en avant sa politique de lutte contre la corruption. Il a cité à titre d’exemple la renégociation du contrat du port de N’gaïgou, menée à l’époque par Ghazouani, alors ministre, et l’actuel Premier ministre Mokhtar Ould Ajay. Selon lui, cette démarche avait permis de réduire des coûts initiaux jugés excessifs.
Par ailleurs, l’ancien président a vivement critiqué la gestion de ses biens saisis dans le cadre de l’enquête. Il a accusé les autorités d’avoir pris des mesures illégales, sans autorisation judiciaire, pour confisquer certains de ses biens et effets personnels. Aziz a également remis en cause l’absurdité, selon lui, de poursuivre une vente de 455 hectares ayant rapporté 14 milliards d’ouguiyas au Trésor public, tout en ignorant une vente précédente de 650 hectares pour 850 millions d’ouguiyas.
Polémique autour des contrats publics
Lors de son intervention, Ould Abdel Aziz a également défendu les décisions prises concernant les contrats de haute tension. Il a précisé qu’un contrat avait été attribué à une entreprise chinoise pour un montant inférieur de 50 millions de dollars à celui proposé par une entreprise saoudienne. Pour lui, cette décision prouvait sa volonté de servir les intérêts économiques du pays.
De plus, il a mis en avant la récupération d’un terrain prévu pour l’opérateur Mauritel, sur lequel avaient été construits des bâtiments publics comme une extension de la Cour suprême. Il a également détaillé l’octroi d’un autre lot de terrain à un homme d’affaires en échange de la construction d’un hôpital d’ophtalmologie qui a été financé par la Fondation Phillips Morris, mais le reste du terrain a été vendu à la Banque mondiale et indemnisé au trésor de 200 anciennes ouguiyas. Il a aussi triché pour un terrain vendu par l’homme d’affaires mentionné Mohamed Bouamatou à l’ambassade des États-Unis pour 3 millions de dollars, sans profiter au trésor.
Il a déclaré que la banque GBM appartenant au meme homme d’affaire , a savoir Mohamed Bouamatou, facturait 60 millions ouguiyas comme prestations pour une journée de Somlec seulement et ATTM lui paie 500 millions chaque année et que le fait de lui couper ces avantages (Aziz) pourrait expliquer les raisons de la colère de l’homme d’affaires.
Défense stratégique et recours judiciaire
La défense d’Ould Abdel Aziz, dirigée par l’avocat Mohameden Ould Echdou, a annoncé le dépôt d’une requête auprès de la Cour suprême. Celle-ci conteste la composition actuelle de la cour d’appel, jugée partiale par la défense. Ould Echdou a demandé la suspension immédiate des procédures en attendant la décision de la Cour suprême, une démarche qui pourrait prolonger le déroulement du procès.
Accusations de pressions et vol de biens
En conclusion, Ould Abdel Aziz a accusé certaines entités et personnalités d’avoir exercé des pressions économiques et politiques contre lui. Il a notamment pointé du doigt la Banque GBM et la SOMELEC, affirmant que la suppression de certains privilèges pourrait expliquer leur hostilité à son égard. Enfin, il a accusé la gendarmerie d’avoir subtilisé des objets personnels de grande valeur lors de perquisitions.
Une affaire sous haute tension
Le procès d’Ould Abdel Aziz reste un dossier hautement sensible, entre accusations de corruption, tensions politiques et enjeux constitutionnels. Tandis que l’ancien président maintient sa ligne de défense en dénonçant une cabale politique, la justice poursuit son travail dans un climat d’observation attentive de la part des citoyens et de la communauté internationale.
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