Le Président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a choisi l’ambiance fraternelle du Ramadan pour relancer le dialogue entre les forces politiques du pays. Lors d’un Iftar organisé dimanche au Palais présidentiel à Nouakchott, il a désigné le vétéran de la scène politique Moussa Fall comme pilote des futures concertations entre majorité présidentielle et opposition.
Ce dîner de rupture du jeûne, auquel ont participé chefs de partis, anciens candidats à la présidentielle et membres du Conseil de supervision de l’opposition démocratique, s’inscrit dans une série de rencontres visant à « transformer le Ramadan en pont entre les divergences », selon un communiqué officiel. Le chef de l’État a profité de cette occasion pour rappeler l’importance des « valeurs de solidarité et d’unité » chères à ce mois sacré.
Dans un climat marqué par des tensions persistantes, la nomination de Fall est perçue comme une tentative d’instaurer un cadre structuré de discussions. « Cette initiative va au-delà du geste symbolique : elle pose les bases d’une médiation institutionnalisée », analyse un observateur politique local présent à la réunion.
La cérémonie, qui a réuni autour de la même table des figures habituellement opposées, s’est déroulée sous le regard attentif de Nani Ould Chrougha, ministre chargé du cabinet présidentiel, et d’El Hussein Ould Medou, ministre de la Culture et porte-parole du gouvernement. Leur présence souligne la volonté affichée de l’exécutif d’associer toutes les sensibilités à la gouvernance nationale.
Si certains leaders de l’opposition saluent « une ouverture encourageante », d’autres restent prudents, exigeant des « actes concrets » après des années de fraudes electoral et falsifications des résultats mais aussi la crise post présidentielle qui a créer cette méfiance. Reste que ce rapprochement, teinté de spiritualité ramadanesque, pourrait marquer un tournant dans les relations entre pouvoir et opposition, à condition que le dialogue promis dépasse le stade des déclarations d’intention.