Le député et militant des droits humains Biram Ould Dah Abeid, figure emblématique de l’opposition mauritanienne et ancien candidat à la présidentielle, a annoncé ce jeudi son intention de placer la tragédie de Kaédi au cœur du prochain dialogue politique. Lors d’une conférence de presse tenue à Nouakchott, il a réitéré son engagement à défendre les victimes des violences post-électorales survenues dans cette ville du sud, qualifiant leur dossier de « priorité absolue ».
Une promesse au président Ghazouani
Interpellé sur les actions concrètes engagées, Biram Dah Abeid a révélé avoir abordé le sujet directement avec le chef de l’État, Mohamed Ould Ghazouani, lors d’une récente entrevue. « J’ai saisi l’occasion de ce mois sacré pour exhorter le président à ouvrir des négociations avec les familles des victimes et à régler cette affaire dans un esprit de justice et de réconciliation », a-t-il déclaré. Selon lui, le président n’a pas rejeté la proposition, mais n’a pas non plus formulé d’engagement clair. « Son silence est une réponse en demi-teinte. Nous attendons des actes », a-t-il insisté.
Des manifestations pacifiques réprimées dans le sang
Rappelant les circonstances du drame, l’opposant a souligné que les victimes dont le nombre exact reste contesté, avaient péri lors de rassemblements pacifiques organisés pour célébrer les résultats préliminaires de la présidentielle du 29 juin. « Ces citoyens manifestaient leur soutien à notre candidature dans la joie, sans aucune violence. Leur mort est une violation flagrante du droit à la vie et à la liberté d’expression », a-t-il martelé, dénonçant une « répression disproportionnée » des forces de l’ordre.
Un enjeu juridique et symbolique
Juriste de formation, Biram Dah Abeid a par ailleurs insisté sur la dimension légale du dossier. « Ces morts ne sont pas de simples accidents. Elles relèvent d’un crime contre des civils désarmés. L’État doit en assumer la responsabilité et ouvrir une enquête indépendante », a-t-il plaidé, menaçant de mobiliser la communauté internationale en cas de blocage.
Une ligne pacifiste réaffirmée
Fidèle à sa stratégie de résistance non violente, le leader de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) a appelé ses partisans à « rester unis dans la dignité ». « Notre combat est celui de la justice, pas de la vengeance. Nous œuvrons pour une Mauritanie où chaque vie compte », a-t-il conclu, sous les applaudissements de militants présents dans la salle.
Contexte
Les événements de Kaédi, survenus fin juin, avaient fait 6 morts après arrestation et blessés lors d’affrontements entre forces de sécurité et partisans de Biram Dah Abeid, arrivé deuxième au scrutin avec 22,4 % des voix. Le gouvernement avait alors évoqué des « actes de vandalisme », une version contestée par les organisations de défense des droits humains. Le prochain dialogue politique, annoncé pour septembre, s’annonce dès lors comme un test crucial pour la crédibilité des promesses de réforme du président Ghazouani.