La Présidence de la République a annoncé le samedi 17 décembre 2022, la nomination par décret des membres de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA), avec la reconduction du président sortant, Houcein Ould Meddou, dans ses fonctions.
Si une autorité publique devra servir de modèle dans le respect des lois promulguées par l’Etat et imposées par sa constitution, c’est bel et bien la HAPA, cet organe de régulation de la communication et des médias, considéré comme étant le fer de lance dans la promotion et l’incarnation de l’Etat de droit et de la démocratie.
Malheureusement, les autorités, qui devraient veiller aux procédures de désignation des membres de cette auguste institution de la presse, viennent de faillir à leur responsabilité première en faisant fi de toutes les lois et conventions relatives aux droits de la femme, en incarnation des systèmes révolus tant décriés à travers le monde et en dépit de femmes candidates satisfaisant tous les critères voire beaucoup plus que les hommes requis pour siéger dans le conseil de la HAPA.
Toutefois, les circonstances dans lesquelles le nouveau conseil a été désigné n’ont pas été faits dans la règle de l’art, en ce sens qu’elles n’ont pas tenu compte de la nouvelle loi de cette autorité de régulation, qui, il faut le souligner, avait été établie en catimini et sans concertation avec les acteurs du milieu médiatique, contrairement à la loi n°026-2008 du 06 mai 2008, qui abrogeait et remplaçait l’ordonnance n°034-2006 portant création et organisation des missions de cette même institution en période de transition.
Raison pour laquelle, des voix se sont élevées pour dénoncer ces modifications, considérées comme taillées sur mesure et favorisant une régression dangereuse de la liberté de presse, conduisant à l’isolement, de la scène médiatique, des journalistes et des organes de presse qui refusent la mainmise, et dont l’unique but est de satisfaire un agenda étroit et égocentrique, de certains individus ayant transformé la HAPA en un département relevant du ministère de l’intérieur.
Cependant la loi elle-même et ces individus ne sont pas le sujet de cet édito car j’y prépare un dossier spécial, pour le 03 Mai, qui devra élucider d’inquiétantes zones d’ombre sur ce sujet.
Au fait le sujet ici c’est sont les irrégularités flagrantes qui ont entaché la procédure de designation des membres de la HAPA et qui a expressément fait abstraction, pour la première fois, du critère de représentativité des candidats soutenus par des syndicats et associations de presse.
Et à la surprise générale, ce sont des candidats ( hommes), soutenus seulement par 3 regroupements, associations et syndicats de presse, qui ont été propulsés à la place d’un autre concurrent (femme) satisfaisant toutes les dispositions légales de l’article 13 de la loi 022 2022 et soutenu par plus de 15 corporations médiatiques
Et figurez-vous que c’est une femme que l’instigateur, de la fraude, a pris pour proie comestible pour la simple raison que nous sommes dans un pays où la femme n’a de droit que pour animer les campagnes électorales ; le reste est de jeter de la poudre aux yeux des occidentaux pas plus.
A la différence de ses confrères désignés, la partie lésée est une journaliste de profession et directrice d’un groupe de presse qui édite quatre médias, qui jouit également de 21 ans d’expérience dans ce domaine, a dirigé le premier syndicat des femmes journalistes mauritaniennes indépendantes et titulaire d’une licence en droit et d’un certificat de l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication (ISIC) de Rabat au Maroc.
Ex membre de la commission chargée de la reforme de la presse audiovisuelle en période de transitoire.2006
C’est plus que de la falsification, en réalité je ne trouve pas les mots pour qualifier cette mascarade, c’est la fraude à ciel ouvert sans vergogne
Il s’agit donc d’une grave injustice faite à l’endroit d’une femme journaliste qui rêvait d’obtenir ses droits et exercer sa profession sinon comme toute une citoyenne qui postule a un poste conformément aux critère d’éligibilité sans chercher un piston d’où que ce soit et aussi conformément aux lois de la République islamique de Mauritanie et qui ne lui venait jamais à l’esprit qu’elle pourrait faire l’objet d’injustice, au vu et au su des autorités.
L’autre défaut qui a caractérisé le nouveau conseil de la HAPA est d’avoir érigé en système, la discrimination contre le genre, en écartant les femmes, éligibles sans appuis politique, à cette instance, en violation de la volonté politique de Son Excellence le Président a savoir ‘ ‘TAAHAOUDATY’’ ses engagements surtout relatives aux droits de la femme, mais aussi les conventions, sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, signées par le gouvernement Mauritanien dirigé aujourd’hui par le Premier ministre Mohamed Ould Bilal Ould Messoud.
Ainsi faire fi de toutes les lois et pactes sociaux et faire abstraction d’un arsenal juridique tant défendu par les autorités supérieures du pays à savoir privilégier l’accès des femmes aux centres de décision dans le cadre une politique intégrée de l’approche genre, l’autorité concernée a dérogé à la règle, suscitant un grand désarroi dans le milieu de la presse de façon générale et dans le milieu des droits des femmes en particulier.
Loin des lois, qui n’existent que dans les tiroirs, dans une société authentique, réputée par le respect pour les femmes, et considérant toute injustice à leur égard comme un acte honteux ; les autorités supérieures agiront-elles alors pour rétablir la légalité ou resteront indifférentes à une aussi flagrante injustice.
Moulaye Najim Moulaye Zeine