Les tensions entre le Mali et l’Algérie atteignent un niveau critique après la destruction d’un drone malien près de la frontière. Le gouvernement de Bamako parle d’une « attaque délibérée », tandis que le silence d’Alger alimente les suspicions.
Un incident qui enflamme les relations déjà tendues
Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, un drone des Forces Armées maliennes (immatriculé TZ-98D) a été abattu près de Tinzaouatène, dans la région de Kidal, à seulement 9,5 km de la frontière algérienne.
Une semaine plus tard, le gouvernement malien publie un communiqué incendiaire, accusant l’Algérie d’avoir « intentionnellement détruit » l’appareil en mission de surveillance antiterroriste. Les autorités maliennes affirment que le drone n’a jamais quitté leur espace aérien et dénoncent un « acte hostile et prémédité ».
Bamako accuse Alger de protéger des groupes armés
Le Mali va plus loin : selon son communiqué officiel, la destruction du drone aurait pour but d’« entraver les opérations contre les terroristes » opérant dans la zone frontalière. « Le régime algérien sert de base arrière à ces groupes et s’engage maintenant dans des agressions directes », affirme Bamako.
Cette accusation grave n’est pas une première, mais le ton est cette fois sans équivoque : le Mali parle désormais d’une « complicité active » de l’Algérie avec les groupes jihadistes du Sahel.
L’Algérie sous pression internationale
Alger, habituellement perçu comme un médiateur dans la région, n’a pas encore réagi officiellement à ces accusations. Son silence est interprété par Bamako comme une « aveu de culpabilité ».
Les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) Mali, Burkina Faso, Niger, ont immédiatement condamné l’incident et rappelé leurs ambassadeurs pour consultations. Une réaction qui montre une solidarité régionale face à ce que le Mali considère comme une violation de sa souveraineté.
Vers une escalade diplomatique ?
Cet incident pourrait marquer un point de non-retour dans les relations entre les deux pays. Le Mali a déjà annoncé son intention de porter l’affaire devant l’ONU, rappelant ses précédentes dénonciations contre l’Algérie.
Dans un contexte où Bamako se rapproche de Moscou et s’éloigne de l’Occident, cette crise ouvre un nouveau front géopolitique au cœur du Sahel, une région déjà instable.