Plusieurs officiers burkinabés impliqués dans un projet de renversement de la junte au pouvoir ont été interpellés ces derniers jours, d’après des informations relayées par des médias français et africains. Cette énième tentative de coup d’État, attribuée à des cadres des forces armées en exil, aurait été déjouée par les autorités.
Radio France Internationale (RFI) évoque des sources proches du régime confirmant l’échec de cette conspiration, pilotée depuis l’étranger. Parmi les personnalités arrêtées figure le colonel Frédéric Ouédraogo, ancien responsable de la justice militaire, connu pour avoir enquêté sur des généraux accusés de complot en 2023. Le capitaine Elysée Tassambidou, commandant des troupes dans la région Nord, a également été appréhendé à Ouagadougou alors qu’il participait à une réunion sécuritaire.
En réaction, le chef de la junte, le capitaine Ibrahim Traoré, a procédé à un vaste remaniement des hauts gradés, écartant les éléments soupçonnés de complicité. Ces mesures s’inscrivent dans un climat de méfiance persistante au sein de l’armée, où des tensions resurgissent régulièrement. Selon des sources militaires, des partisans d’officiers récemment limogés seraient à l’origine de cette nouvelle tentative de prise de pouvoir.
Depuis son accession au pouvoir par un putsch en 2022, Traoré a fait face à cinq tentatives de renversement : une en 2022, trois en 2024 et une dernière la semaine précédente. Les circonstances précises de ces manœuvres restent toutefois opaques.
Un pouvoir verrouillé par des alliances régionales et étrangères.
Si les motifs invoqués par les putschistes (terrorisme et instabilité) reflètent une réalité locale, la position de Traoré semble consolidée par des appuis externes. Le dirigeant bénéficierait notamment de la protection de la Légion africaine russe, dont les équipements sophistiqués compliquent toute action contre lui.
Par ailleurs, le Pacte de Liptako-Gourma, scellé en septembre 2024 entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, prévoit une assistance mutuelle face aux menaces internes et externes, incluant explicitement les coups d’État. Ce dispositif régional renforce la résilience du régime face aux crises.
Depuis 2022, Traoré a systématiquement purgé l’armée des figures associées à l’ancienne garde pro-française, consolidant son emprise sur une institution clé. Ces épurations répétées illustrent les luttes d’influence persistantes entre factions militaires, dans un pays en quête de stabilité après une décennie de crises sécuritaires.