Notre confrère Moulay Najim Ould Moulay Zeine président du syndicat des éditeurs de presse mauritaniens. Il évoque avec la franchise qu’on lui connait, dans l’interview exclusive qui suit, accordée au site El Hourriya, divers sujets ayant trait aussi bien au secteur des médias qu’à la vie nationale de manière générale. Moulay Najim sort donc de son silence, après plusieurs années de ce qu’il considère comme une tentative « d’exclusion et de marginalisation », pour parler de la prestation des médias lors du « liqa’echaab » (rencontre avec le peuple), du fonds d’appui à la presse, la participation des jeunes dans le secteur, qualifiant la démission de Sy Mamoudou d’action « lâche » et met en garde la vieille garde contre la déferlante d’une nouvelle génération de journalistes. Enfin, il évoque un certain nombre de questions importantes et sensibles dans cette interview qui m’aura permis de découvrir des cotés professionnels et académiques du confrère Moulay Najim jusque-là inconnus.
EL HOURRIYA : En votre qualité de président du syndicat des éditeurs de presse mauritaniens, comment évaluez-vous le rendement de la presse indépendante, en fonction de ce qu’on peut qualifier d’améliorations juridiques et matérielles au cours des dernières années ?
Moulay Najim Ould Moulay Zein : Il est incontestable qu’il y a une bonne volonté de la part des plus hautes autorités du pays pour aller de l’avant avec ce secteur important pour la démocratie. Sauf que cette volonté et cet intérêt obligent les patrons de presse à créer de réelles conditions de travail, par l’institutionnalisation de leurs organes, pour permettre au cadre humain d’atteindre le niveau professionnel requis. Disons que, de façon générale, ce rendement fait face encore à certaines insuffisances qu’on espère voir disparaitre dans un proche avenir. Il faut donc relever les défis qu’impose la conjoncture actuelle, par l’ouverture des autorités sur le secteur à travers l’appui matériel et les mesures juridiques, et montrer que la presse indépendante mérite plus d’égards et de considérations. La presse privée doit donc favoriser l’émergence de nouveaux cadres qui accompagnent cette orientation, et s’opposent au lobbiyisme d’antan, l’égoïsme et autre volonté de monopole qui poussent certains à se transformer en « agents » et à s’allier avec Satan pour écarter les autres confrères.
EL HOURRIYA : Il y a peu, on a assisté à la quatrième édition du « liqa’e echaab »(rencontre avec le peuple) à Néma, capitale du Hodh Chargui. Le président de la République y a évoqué un certain nombre de questions d’importance pour les citoyens. Quelles sont alors vos remarques sur l’émission, en tant qu’expert en communication, et que pensez-vous des réponses du président de la République aux questions des journalistes ? Autrement, répondent-elles aux attentes des citoyens ?
Moulay Najim Ould Moulay Zein : Je te demanderais d’abord de retirer ce titre d’ « expert » pour qu’on n’ajoute pas un membre de plus à ce club déjà bien pourvu (rires). Je suis journaliste communicateur, c’est tout mais cela me fait honneur. Je ne suis pas dans la bonne position pour te livrer mes impressions sur les réponses du président de la République aux questions des journalistes et sur le degré de satisfaction des attentes des citoyens. Parce que ce que je vais dire peut être interpréter comme une prise de position en faveur de la majorité ou de l’opposition, ce qui n’est sans doute pas votre objectif à travers cette interview. Et si moi je le voulais ainsi, j’aurai pu utiliser à cet effet l’un des organes de notre Groupe, sans crainte aucune, du fait que mes positions sont bien connues. Cependant, laisse-moi parler de l’émission d’un point de vue médiatique. D’abord, il faut qu’il y ait une vision stratégique de communication pour l’Etat qui commande son action dans le domaine et qui est, habituellement, à long terme. N’empêche que, dans sa mise en œuvre sectorielle, elle peut être à court ou long termes, comme par exemple quand il y a des réformes structurelles ou organisationnelles ou juridiques. Ajoutons à cela des aspects de communication tendant à donner plus de visibilité à l’action menée au niveau de chaque secteur et des institutions, comme le gouvernement, la présidence, l’armée ou encore les départements à caractère économique ou social.
En ce qui concerne cette vision, elle existait comme « instinct médiatique » chez le président de la République depuis son arrivée au pouvoir et les observateurs ont remarqué, à travers ses déplacements qu’il a traduit cela dans la pratique lors de sa visite à « Hay Sake, », à « Tarhil » et ses entretiens avec les pauvres et les marginalisés, comme également dans ses déclarations à la presse. Mais la présence au gouvernement d’un ministre en charge de la Communication devrait prédisposer à la réalisation d’une stratégie basée sur la vision originelle du président de la République et son accompagnement de manière professionnelle et précise, ce qui n’a pas été malheureusement le cas durant toute la période d’Ould Mahjoub. Je ne parle pas de lui de manière personnelle, malgré tous ses précédents avec notre groupe de presse, mais du fait qu’il a passé la plus longue période à la tête de ce département et il était tout à fait raisonnable qu’une stratégie efficiente soit posée pour servir l’Etat mauritanien aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Et pour éviter d’entrer dans un cours théorique sur les stratégies, laissez-moi vous dire que « liqa’echaab » est une bonne idée, du point de vue communicationnel, mais que la réalisation a péché à l’origine, de sorte qu’elle a produit un effet négatif, n’étant pas une « rencontre entre le président et le peuple », comme annoncé, une rencontre où la base représentée par les notables, les syndicats et la société civile, pose ses problèmes. Il ne s’agissait pas, non plus, d’une conférence de presse avec la présence de toutes les composantes du paysage médiatique nationale, sans que l’on soit porté à choisir au préalable, pour que les préoccupations des citoyens au niveau économique, social et de bonne gouvernance soient portées devant le président de la République.
L’erreur ici ne revient pas au nouveau ministre parce que le train roulait déjà dans le mauvais sens avant son arrivée ; et si j’avais à faire des propositions pour changer la situation, je suggérerais alors au Ministère de faire changer de direction au train avec sa vision propre en recourant aux compétences en ressources humaines dont il dispose, à travers les confrères Imam Cheikh, Issa, Abdallahi Ould Hormotalla, Ahmed Ould Mohamedou, Khadija Mint Henoune. Des compétences qui, si elles se réunissent pour discuter, font sans doute produire une stratégie de communication qui épouse les contours de celle que j’ai évoquée plus haut. La Mauritanie d’aujourd’hui n’est pas seulement prise pour cible dans la personne du président de la République mais aussi dans son existence même, de sorte que la balle peut ne pas venir de l’extérieur mais de l’intérieur. Et si nous ne disposons pas d’une stratégie de communication à la fois tactique et défensive, basée sur un professionnalisme académique, nous en pâturons et toute réaction non bâtie sur une vision professionnelle sera toujours à l’avantage de l’adversaire. Autrement, il est nécessaire que soit mise cette stratégie, dans toutes ses composantes, rapidement parce que la Mauritanie d’hier n’est pas la Mauritanie d’aujourd’hui. La guerre, les manœuvres, tout passe par une seule voie : les médias.
EL HOURRIYA: A cause – ou grâce à – on assiste, depuis quelques années, à ce que l’on peut qualifier d’inflation de titres et la libéralisation du secteur audiovisuel a permis aussi l’émergence de médias (radios et TV) dont certains doutent de leur capacité à s’inscrire dans la durée. Comment voyez-vous le présent et l’avenir de cette expérience naissante, vous qui êtes sortant d’un Institut supérieur en communication et doté d’une grande expérience dans le domaine de la presse écrite et audiovisuelle aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ?
Moulay Najim Ould Moulay Zein : : Comme je l’ai dit tantôt, la volonté politique existe mais la manière dont les bases de l’édifice ont été posées pour la libéralisation de l’espace audiovisuel était erronée. De sorte qu’il est impensable que l’édifice se tienne debout. Le désir mauritanien d’avoir une ouverture dans le domaine des médias tient de la médiocrité du rendement des organes de presse (radio et télévision) officielles. Quand on a instauré la libéralisation de l’espace audiovisuel, on a cherché à imposer les langues nationales aux nouveaux investisseurs dans le domaine, à travers leur soumission à un cahier des charges. Il se trouve que j’étais membre de la Commission de réforme du secteur de l’audiovisuel, avec Sarr Ibrahima, Brahim Ould Abdallahi et d’autres dont je n’ai plus les noms en tête, et je puis déclarer ici que la manière dont fonctionne le secteur aujourd’hui est différente, du point de vue forme et contenu, de ce que nous avions élaboré. De sorte que tous ces projets suivent la même trajectoire de celui des médias officiels connus pour être un échec total. On ne peut imposer à un investisseur dans le domaine des conditions qui n’entrent pas dans son projet initial, qui peut lui permettre d’adopter la langue qu’il veut, même si c’est le Chinois, du fait que c’est le moyen qui lui permettrait d’atteindre ses objectifs et ses ambitions pour la réussite de son entreprise de presse.
Ajoutons à cela que l’existence d’équipes de rédaction dans les langues nationales augmente les charges financières de ses entreprises, sans qu’elles puissent s’attendre à un quelconque retour sur investissement. Ajoutons à cela une perte d’énergie humaine et d’énergie, du fait que le taux d’audience de ces médias est très faible au sein même du public cible parce que la production est de mauvaise qualité étant imposée au réalisateur.
Aussi, le fait de poser le nouveau projet comme une copie conforme de la vision de la TVM a tué en lui l’esprit d’innovation. On n’a pas besoin de fournir un grand effort pour dégager les similitudes entre l’une et l’autre, avec les images de l’hivernage à travers toutes les nouvelles chaînes, les sujets abordés, les invités des émissions, etc. Il arrive même des fois qu’on observe la même image dans une chaîne privée au moment om elle passe à la télévision officielle ! Après deux ans d’expérience avec la libéralisation de l’audiovisuel, le téléspectateur se rend compte que, finalement, la TVM, malgré ses tares, est plus clémente avec lui que des projets de médias privés qui ne comblent pas ses attentes. De sorte qu’on peut penser que les règles qui ont été posées pour les chaînes privées portent en elles les germes de leur échec, comme pour justifier celui des organes officiels et dire que c’est au niveau de tout un secteur qu’il faille agir pour trouver des solutions.
Pour moi, les nouvelles chaînes ressemblent au corbeau qui a voulu imiter la démarche de l’autruche, sans y parvenir et perdant son pas d’origine. Je pense qu’Ould Mahjoub, que le président de la République a chargé de traduire dans les faits sa volonté claire et sérieuse à libéraliser le secteur audiovisuel, n’était pas apte pour mener cette mission. Il n’a réussi qu’à semer la discorde entre les opérateurs du secteur et à favoriser la naissance de lobbies dont il souffre encore actuellement et sans doute à l’avenir. On peut dire sans hésiter que la pire des époques qu’a connue le secteur est celle du passage, par erreur, d’Ould Mahjoub à la tête du ministère qui, je pense, continue encore à souffrir des conséquences de sa mauvaise gestion, de mauvais choix juridiques, organisationnels et administratifs. Il faut nécessairement rappeler ici le cadre organisationnel souffre, lui aussi, d’un manque cruel de clarté. L’existence de chaînes de télévisions qui parlent ou suivent telle ou telle entité est chose naturelle en démocratie, mais qu’on leur ouvre la porte grande pour bénéficier de l’aide à la presse privée, est un amalgame entre ce qui est presse indépendante et presse de propagande (partis). La même chose s’applique aux entreprises de presse qui doivent être soumises à un cadre légal qui n’est pas celui qui régit la presse indépendante pour qu’on ne tombe pas dans la confusion entre ces deux secteurs. Et pour répondre à votre question, de manière précise, je dirais que jusqu’à présent, nous n’avons pas encore des chaînes d’information mais seulement des écrans d’exposition, exactement comme on voit cela dans les aéroports et les clubs, même si j’espérais voir l’émergence de télévisions qui réussissent à éviter cette situation et que doute de leur capacité à relever ce défi.
EL HOURRIYA: Certains sites ont rapport que votre Groupe compte créer une chaîne de télévision ; à quelle étape est arrivée ce projet et existe-t-il des obstacles qui freinent sa réalisation et quelle en est la nature ?
Moulay Najim Ould Moulay Zein : En réalité, je n’aime pas évoquer ce sujet parce que certains aspects ne sont pas encore prêts mais pour un confrère, il n’y a pas de mal à en parler pour donner certaines précisions aux lecteurs. Effectivement, nous avons un projet de télévision arrivé à un haut degré de réalisation mais les erreurs que j’ai évoqué tantôt et la responsabilité dans l’échec des projets existants nous ont poussé à élaborer le nôtre en dehors du pays, surtout parce que Ould Mahjoub était à la tête du Ministère et que nous entions l’unique entreprise de presse soumise à son injustice. Nous n’avions donc pas à qui s’adresser pour trouver les réponses administratives et juridiques capables de donner suite à notre projet, la loi sur la libéralisation de l’audiovisuel stipulant que le dernier mot revient au Ministère. A toi d’imaginer quelle aurait été l’attitude du ministère dirigé par Ould Mahjoub qui nous soumettait à son injustice et nous marginalisait sans raison. Comment allait-il agir avec une entreprise qui refuse de se plier à sa volonté dévastatrice ? Pour cela, nous avons pensé à une alternative et avons pris la direction de la capitale sénégalaise Dakar, plus proche de Nouakchott et offrant des procédures plus souples. Nous avons franchi toutes les étapes avec facilité et avons créé avec notre partenaire sénégalais des studios à Saint-Louis qui existent jusqu’à ce jour. Même si le régime fiscal au Sénégal n’est pas aussi souple que celui en Mauritanie. Et alors qu’on cherchait à trouver une solution à cet aspect de la question pour commencer le travail, Ould Mahjoub est parti. Nous avons alors suggéré à notre partenaire l’idée de lancer le projet à partir de la Mauritanie, proposition qu’il refuse encore sans que cela soit pour nous un obstacle pour le réaliser seuls. C’est l’option que nous discutons présentement avec les autorités concernées pour réaliser notre projet suivant notre vision propre, loin de ce qui se fait aujourd’hui. Et j’ose affirmer que si nous obtenons l’autorisation d’émettre à partir du territoire, notre chaîne saura se distinguer non seulement au niveau national mais aussi régional avec ce que cette télévision apportera comme bonne image du paysage médiatique mauritanien et sera capable de drainer comme investissements dans les médias arabes.
Et du fait que les autorités actuelles sont ouvertes sur les médias, je souhaite que Nouakchott devienne la capitale de la presse arabe, comme l’est Dubai actuellement, parce que Nouakchott offre toutes les garanties pour la liberté de la presse, et ce sera une opportunité pour limiter le « chômage littéraire » qui paraît peser lourd sur le président de la République qui sans doute trouvera les solutions appropriées pour cela (rires). Vous savez, à ce sujet, que la Mauritanie dispose de compétences qui ont fait leur preuve à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
EL HOURRIYA : Le ministère vient de désigner une nouvelle commission pour superviser le fonds d’appui à la presse et pour la deuxième fois votre syndicat n’est pas représenté, tout comme le Regroupement de la Presse Mauritanienne et le Syndicat des Journalistes Mauritaniens ont publié un communiqué commun dénonçant cette mesure. Peu après Sy Mamoudou, le président du RPM a présenté sa démission. Comment jugez-vous tous ces faits ? Surtout que, lors de votre exclusion pour la première fois, vous avez porté plainte contre le ministère de la Communication du temps d’Ould Mahjoub.
Moulay Najim Ould Moulay Zein : Ici, je ne voudrais pas qu’il y ait amalgam entre hier et aujourd’hui, parce que, du temps d’Ould Mahjoub, il n’y a pas eu concertations à propos de la composition de la commission du fond d’aide à la presse. Pire, les membres de cette commission ont été choisis parmi les organes de presse proches du ministre au sein des regroupements existants, ce qui était en fait sa « ligne » dans toutes les affaires du département, comme pour les entretiens, les « liqa’e echaab », les voyages avec le président à l’intérieur et à l’extérieur du pays ainsi que dans les émissions de télévisions auxquelles ne prend part que celui qui a fait allégeance au ministre Ould Mahjoub. Nous ne sommes pas contre ses choix stratégiques tendant à écarter la presse professionnelle, qu’on ne peut corrompre, mais quand cela s’accompagne par notre marginalisation et la dilapidation de nos droits, nous considérons cela comme un crime qu’il faut dénoncer. Et ould Mahjoub était un empereur sans empire. Quant au procès que nous avons intenté au département à l’époque, il s’agissait du non respect de la loi sur l’aide à la presse dont l’article 8 de la loi n°024/2011 en date du 08/03/2011, portant sur l’aide publique à la presse privée, indique que « la commission chargée de la gestion et de la répartition des ressources du Fonds d’aide publique à la presse privée comprend, nécessairement, des représentants des ministères de la Communication et Des Finances, les associations de la presse écrite, audiovisuelle et électronique privées reconnues ». Alors que l’arrêté ministériel n°575 a créé une commission incomplète ne citant que 7 membres sur 8, obligatoires au titre de l’Ordonnance n°156/2011 qui est la base organisationnelle pour les arrêtés et décisions pris dans ce cadre. C’est donc un vice de forme que le Syndicat des éditeurs de presse mauritaniens a dénoncé devant la cour suprême, il y a 11 mois, et la plainte a été jugée recevable aussi bien du point de vue de la forme que du contenu. Mais les interventions criantes du ministre limogé ont empêché la cour de statuer sur cette affaire jusqu’à nos jours.
Du point de vue contenu, l’arrêté n’a dit mot de la manière dont le choix des membres a été fait, ni sur les procès-verbaux des élections, la date, les commissions qui les ont supervisées. En tenant compte du fait que sa légitimité, en date du 024/2011, portant sur l’aide publique à la presse, en application de la loi 156/2011, pose la représentation comme un droit reconnu constitutionnellement par le décret n°24/2011 qui, dans son article 5 fixe à 8 le nombre des membres de la Commission, ce qui fait que l’article 2 de l’arrêté ministériel est en contradiction avec l’article 5 du décret qui le fonde pourtant ; ce qui oblige à annuler l’arrêté suivant le principe de la prééminence de la loi.
Au sein du syndicat des éditeurs de presse mauritaniens, nous considérons que tout éditeur qui intègre cette commission défend nos intérêts parce que les problèmes sont les mêmes. Et comme vous le savez également, la représentation est symbolique, au regard du nombre des regroupements de presse, et tant qu’il y a alternance, on ne peut renoncer au droit à être représenté dans l’avenir dans cette commission, sachant que notre avis à été pris, pour la première fois, lors de sa composition mais les choses ne nous semblent plus claires dans le choix de ce regroupement au lieu de l’autre. L’arrivée de nouveaux responsables au ministère nous a ouvert les portes du dialogue et de la concertation. Nous sommes ainsi devenus des partenaires après trois ans de marginalisation et d’injustice. Nous devons pour cela accompagner toute décision qui profite aux éditeurs et à la presse de manière générale, le travail syndical étant au-dessus des intérêts personnels. C’est notre ligne, même quand on a porté plainte, l’année dernière contre le ministère, nous avons expliqué aux confrères qu’il s’agissait de corriger une erreur judiciaire qui n’est pas au service de l’intérêt général des éditeurs de presse et que tout membre dans cette commission nous représente, en dehors même es sensibilités.
Concernant le communiqué du RPM, il ne me concerne en rien, mais je vais quand même te répondre en disant qu’il est inamical, dénote d’une suffisance et fait comme s’il n’existe dans le secteur de la presse que ces deux regroupements. J’ai été étonné par ce communiqué du fait que je sais qu’il y a des journalistes sérieux et compétents au sein de ces deux regroupements qui n’ont pas été avisés quant à sa publication ou ce qu’il leur cache. Le problème c’est qu’il y a, au sein du secteur, des hommes dont Ould Mahjoub a propulsé, de manière injuste et immorale, pour en faire des personnes imbues de leur personne. Et là je te pose une question : le communiqué peut-il être considéré comme une insulte au jeune confrère Aziz Ould Souvi, qui a le droit, comme tout autre journaliste, de participer à tout ce qui se passe dans le secteur et qui représente, légalement, l’Union des sites électroniques et est membre du Syndicat des journalistes mauritaniens ? En tant qu’ancienne génération, nous devons encourager les jeunes à occuper les avant-postes étant la colonne vertébrale du secteur. Ou faut-il considérer qu’il est dirigé contre Cheikh Tijani Dia, qui est également membre du RPM présidé par Sy Mamoudou qui a démissionné. Nous pouvons dire que, d’une manière ou d’une autre, les deux membres qui ont été désignés appartiennent aux bureaux exécutifs de ces regroupements. Ou encore ce communiqué prend-il pour cible la consœur Ramla Mint Tajidine, membre de l’Union professionnelle des journalistes, une femme qui a fait preuve de compétence et de droiture et qui est apte à représenter tous les éditeurs avec lesquels elle entretient de bons rapports. Si c’est elle qui était visée, je dénonce tout celui qui enfreint aux droits de la femme et à la politique visant à la propulser en avant pour qu’elle accède aux plus hauts postes de responsabilité. Pourquoi écrivons-nous pour défendre les droits de la femme et quand il s’agit d’un travail sur le terrain, nous tentons de nous y opposer d’une manière non transparente ?
Enfin, cherche-t-on à atteindre, par ce communiqué, Son Excellence le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Mohamed Yahya Ould Horma, pour n’avoir pas suivi les politiques tortueuses de son prédécesseur Ould Mahjoub, allant même jusqu’à ouvrir la porte devant tous les partenaires du secteur, refusant les lobbies et mettant à égalité tous les regroupements de presse ? Ce qui laisse entendre que le confit n’est pas autour de l’intérêt de la presse mais seulement celui des individus qui fait perdre au secteur toute crédibilité et tout respect.
D’un autre côté, la démission du confrère Sy Mamoudou constitue une fuite en avant et une lâcheté même à l’encontre du travail militant et de la responsabilité qui dont doivent faire preuve les dirigeants de presse. Il doit prendre exemple sur la résistance du syndicat des éditeurs de presse mauritaniens qui ont été assiégés et marginalisés injustement durant trois ans par le ministre Ould Mahjoub, sans que cela ait une incidence quelconque sur leur position jusqu’à ce que la vérité a fini par éclater avec l’arrivée du nouveau ministère.
Le communiqué n’est pas professionnel et cache mal les tentatives de division des journalistes mauritaniens et cherche à fermer les portes à toute recomposition de la commission qui ne répondrait pas aux intérêts égoïstes et restreints de certains.
Ici, il faut saluer la création de ce fonds d’appui à la presse qui doit être considéré comme un acquis important pour notre lutte et une bonne action du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, et certains confrères doivent comprendre que ce n’est pas un héritage d’Ould Mahjoub.
El HOURRIYA : Le syndicat des journalistes mauritaniens a élu un nouveau bureau, comment jugez-vous l’avenir du travail syndical et la solidarité entre journalistes dans notre pays ?
Moulay Najim Ould Moulay Zein : Effectivement, le syndicat a renouvelé son bureau, activité à laquelle nous avons d’ailleurs pris part. Mais durant le déroulement du congrès, on n’a pas vu le bilan de trois ans de mandat pour l’équipe sortante, avec un rapport financier écrit, seulement des rapports verbaux du doyen sortant, de manière amicale, comme on a en pris l’habitude dans nos pratiques quotidiennes. Permettez ici de saluer l’esprit démocratique et d’ouverture qui caractérise la décision du confrère Houssein Ould Meddou de ne pas se représenter pour un second mandat, contrairement à Sy Mamadou qui s’est imposé pour un troisième mandat, contrairement à ce que dit le statut du RPM, et sur intervention directe d’Ould Mahjoub, en ce temps, auprès de certains confrères pour apporter des réaménagements permettant à son protégé Sy de rempiler pour la troisième fois consécutive. Cela me rappelle les agissements du président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali et le président Togolais disparu Gnassingbé Iyadéma. Et quand le ministre qui lui permettait de se représenter indéfiniment a été remplacé, le confrère Sy Mamoudou n’a pas trouvé d’autres issues que de démissionner pour protester contre son incapacité à écarter des confrères, comme il en a eu l’habitude au cours de trois dernières années ! Il faut souligner ici que je fais partie, en 2008, de l’équipe qui avait rédigé les textes qui régissent le RPM, après trois mois de travail sérieux, avec les confrères Ahmed Ould Wadiaa, directeur de publication d’Essirage, Houssein Ould Mahand, directeur de publication d’El Emel el jedid. Et pour revenir à votre question sur le travail syndical et la solidarité entre journalistes, je dirais que le grand obstacle se trouve être la présence d’éléments de la vieille garde qui refusent à reconnaitre que le secteur renferme un grand nombre de jeunes journalistes auxquels ont doit donner l’opportunité de s’exprimer et d’exprimer leurs talents, de prendre confiance en eux-mêmes pour acquérir l’expérience et les connaissances nécessaires pour la poursuite de leurs activités dans un secteur qui offre de la place à tout le monde. Je salue ici la liste dite de « Nidhal » (la lutte), composée de jeunes, et dirigée par le confrère Isselmou Ould Salihi, qui même venue tardivement, a réussi quand même à obtenir 40%, ce qui signifie que la nouvelle génération arrive incontestablement, et c’est cela l’essence de la solidarité, loin des alliances qui ne servent pas la profession. Disons également que les femmes journalistes ont prouvé leur sérieux et leurs aptitudes ainsi que leur rôle essentiel dans la profession, dans ses deux composantes, officielle et privée, par leur présence au sein des listes et leur action durant les campagnes de soutien aux candidats. Je dis une nouvelle fois que l’espace médiatique n’est plus le monopole de la vieille garde et qu’il y a un nouvel acteur dans un rapport de force qui va déterminer, incha Allah, le présent et l’avenir du secteur.
En ce qui concerne la solidarité, j’ai personnellement une mauvaise expérience de cela. En début d’année, un numéro du magazine « Points Chauds », édité par notre groupe, qui possède également deux sites (en arabe et en français) et deux journaux (en arabe et en français). Il est naturel que cela soit dénoncé sur le plan national. Sur le plan international, il y a des organisations qui disposent d’entêtes qu’il suffit seulement de signer et de cacheter, de mettre le nom du journal censuré, celui de l’Etat qui a commis cette faute, pour dénoncer ce qui est un crime du point de vue de la loi. Chez nous, le RPM et l’AJM informés par moi de cette censure, ont commencé à me donner de faux rendez-vous et à fuir leurs responsabilités. Comme si la censure d’un journal ou la menace d’un journaliste nécessitent des réunions, soumises à la règle des pertes et profits, pour prendre une décision. Je reviens ici pour dire que le travail syndical a besoin de visages sans cagoules et une conviction forte de la nécessité de défendre les droits de la presse, ce qui ne peut se trouver qu’au sein des groupes de jeunes qui commencent à investir le secteur. Laisse-moi te dire que l’article 15 de la Charte des éditeurs de presse au Maghreb Arabe exige la solidarité dans pareil cas.
EL HOURRIYA : Quelles sont vos remarques à propos de la commission de gestion de l’aide publique à la presse indépendante ?
Moulay Najim Ould Moulay Zein : Disons d’abord que l’enveloppe est sans importance en comparaison avec les difficultés que rencontrent les entreprises de presse, résultats d’accumulations qui empêchent un réel développement du secteur. Ce qui complique cette situation c’est la façon dont ce fonds est géré, donnant à des individus des parts plus importantes que celles accordées aux sociétés, ce qui est contraire à l’esprit même de la création de ce fonds ! Comment comprendre qu’une entreprise de presse soit dotée avec 800.000 UM, au titre de cet appui, et qu’un journaliste soit récompensé avec 1.000.000 d’UM puisés dans les ressources de ce fonds à l’issue d’un concours qui n’avait pas été programmé et sans relation avec l’objectif du fonds d’appui à la presse privée ? Le Fonds en question est destiné, comme on dit, à l’appui à la presse, mais on en a distribué une partie aux poètes, ulémas et autres parasites. Un acte qui n’a été dénoncé par personne, ni éditeur ni président de regroupement, qui ont accordé plus d’importance à la réception de montants insignifiants et au détriment de la crédibilité, du professionnalisme et de la dignité.
Il est regrettable aussi, dans la gestion de ce fonds, l’injustice dont ont été victimes certaines entreprises de presse, et même des regroupements syndicaux, qui ont présenté des dossiers pour profiter de cette aide, mais ont été rejetées parce que membres de groupements dans le collimateur du ministre remercié, pour des raisons futiles et non objectives. Elles n’ont pu déposer des recours parce que tout a été fait sans concertations. Il était nécessaire que la commission procède à cette répartition, en tenant compte de la portée économique et sociale de l’aide, et loin de tout règlement de comptes et les intérêts égoïstes, pour ne pas oublier le rôle que ces entreprises de presse jouent dans la résorption du chômage, l’offre d’emploi, à travers les salaires payés aux journalistes et partant à des pères de familles mauritaniens. Je ne manquerai pas de souligner que l’ancienne commission de gestion du fonds d’appui à la presse avait retenu 17% de l’enveloppe pour le compte des impôts, et à diminué le tirage des journaux en procédant à un accord non légal avec l’Imprimerie nationale, faisant que celui qui tirait 2000 exemplaires ne dispose plus que de la moitié, de même que celui qui tire en deçà. Ce qui prouve qu’il n’y a pas de prise en compte de l’intérêt des éditeurs de presse, surtout que le reste du montant a été distribué en fonction des points attribués par la commission d’Ould Mahjoub à chaque entreprise et sous sa supervision directe. Cette commission n’a pas pu prendre en compte l’ancienneté comme critère de notation, parce que la majorité de ses membres représentaient des organes naissants, et c’est ce que doit éviter la nouvelle commission cette année.
EL HOURRIYA : Vous reprochez aux autres de refuser l’alternance, l’avez-vous appliquée au sein de votre syndicat en renouvelant votre bureau ?
Moulay Najim Ould Moulay Zein : Merci pour cette question. Le syndicat des éditeurs de presse mauritaniens a été créé en 2008 et, à l’époque, c’est le confrère Mohamed Ould Khayar qui avait été élu président. Deux ans après, le même bureau avait été reconduit avec le changement de certains membres et le maintien de Khayar comme président. En 2012, j’ai été élu comme président de ce syndicat et c’est l’occasion ici de saluer l’action du confrère Mohamed Ould Khayar qui a résisté aux années d’injustice et de marginalisation de Ould Mahjoub. Donc, en réponse à la question, je dirais qu’il y avait bien un respect des échéances de renouvellement suivant les statuts de notre syndicat.
Traduction All content Copyright Points Chauds Online : 1er PORTAIL MAURITANIEN DE L’ACTUALITÉS sur le MAGHREB et L’AFRIQUE FRANCOPHON Édité par le Groupe de presse 6ème Sens Communication www.6msens.com
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