Un ancien pilier du gouvernement sénégalais dans le viseur de la justice
La Cour suprême du Sénégal a pris une décision retentissante ce mardi en ordonnant le placement en résidence surveillée d’Ismaël Madior Fall, ex-ministre de la Justice sous l’ancien président Macky Sall. Cette mesure intervient dans le cadre d’une enquête judiciaire pour corruption et détournement de fonds publics présumés durant ses deux mandats (2017-2019 et 2022-2023).
Accusé d’avoir reçu un pot-de-vin de 49 millions de FCFA (environ 85 000 $) en échange de l’attribution d’un marché lié à un centre de surveillance électronique, Madior Fall avait publiquement reconnu avoir encaissé cette somme lors d’une interview télévisée. Toutefois, il affirme l’avoir restituée « diplomatiquement » au promoteur immobilier concerné, qualifiant l’opération de « don » pour la réalisation du projet.
Cette affaire s’inscrit dans une vague de poursuites visant d’anciennes figures clés du régime de Macky Sall. Le 8 mai dernier, le Parlement sénégalais a inculpé cinq ex-ministres, dont Madior Fall, pour enrichissement illicite et détournement de biens publics. Une commission spéciale de la Cour suprême, chargée d’enquêter sur ces malversations, a déjà auditionné plusieurs personnalités, à l’image d’Andé Sly Diop, ex-ministre de la Femme et des Affaires sociales, placée sous contrôle judiciaire après le versement d’une caution de 52 millions de FCFA (90 000 $).
La mise en résidence surveillée de Madior Fall, longtemps considéré comme un proche de l’ancien chef de l’État, relance le débat sur la transparence des pratiques au sein de l’ancien gouvernement. Alors que le Sénégal tente de tourner la page de l’ère Sall, cette afferie cristallise les attentes d’une justice ferme face aux abus présumés du pouvoir.
La suite de la procédure, suivie de près par l’opinion publique, pourrait influencer durablement le paysage politique sénégalais, entre exigence de moralisation et règlements de comptes.
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