Mauritanie : l’opposition dénonce un dialogue fantôme et exige des actes concrets
Dans un contexte de tensions politiques persistantes, Biram Dah Abeid, figure emblématique de l’opposition mauritanienne et finaliste de la présidentielle de juillet 2024, a vivement critiqué l’exécutif lors d’une conférence de presse tenue à Nouakchott ce dimanche. Accompagné par des représentants de la coalition oppositionnelle, dont le parti Sawab, il a accusé le gouvernement de « naviguer en eaux troubles » en l’absence de réelles propositions pour engager un dialogue constructif.
« Aucune piste sérieuse n’a été soumise à la table des négociations. Comment croire en un échange apaisé quand les arrestations arbitraires de nos militants se multiplient ? », a-t-il lancé, soulignant que ces actions sapent la crédibilité des appels au consensus. Abeid, qui conteste toujours les résultats du scrutin ayant reconduit le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a rappelé que « les promesses sans lendemain ne suffisent plus ».
En novembre 2023, le chef de l’État avait pourtant annoncé une feuille de route pour un dialogue « inclusif et responsable », invitant les partis à dépasser les « rivalités éphémères ». Un discours perçu comme un geste d’ouverture, mais que l’opposition juge désormais « cosmétique ». « Entre les déclarations médiatisées et la réalité, il y a un abîme », a insisté Abeid, faisant référence aux manifestations post-électorales réprimées dans le sang, ayant coûté la vie à trois sympathisants.
La coalition oppositionnelle exige désormais une refonte du système électoral, condition sine qua non pour participer à tout futur scrutin. « Sans transparence, aucun processus ne sera légitime », ont martelé les partis, appelant à une médiation internationale pour éviter une escalade.
Alors que Ghazouani entame son deuxième mandat, la balle est dans le camp du pouvoir : les mots devront enfin laisser place aux actes pour sortir le pays de l’impasse.
MN