Mali : L’ONU alerte sur des massacres à caractère ethnique – L’ombre de Wagner plane sur des crimes de guerre présumé
Bamako sous tension : Des corps et des questions
Alors qu’un véhicule militaire traverse le centre de Bamako, une macabre découverte secoue le sud-ouest du Mali : des dizaines de cadavres en décomposition ont été retrouvés fin avril près du camp militaire de Kouala, dans la région de Koulikoro. Dans un communiqué incendiaire publié mercredi, des experts onusiens pointent du doigt des exécutions sommaires et des disparitions forcées, exigeant du régime malien une enquête « rapide, indépendante et transparente ».
Une enquête internationale réclamée
Les spécialistes des droits de l’homme de l’ONU n’y vont pas de main morte : si les faits sont avérés, ces actes pourraient s’apparenter à des crimes de guerre, voire à des crimes contre l’humanité pour les disparitions. « Nous sommes indignés par ces allégations », ont-ils martelé, soulignant que les victimes seraient majoritairement des Peuls, une communauté pastorale souvent ciblée dans les violences intercommunautaires.
Le fil d’un massacre ethnique
Selon l’association peule Tabital Pulaaku, ces corps seraient ceux de villageois arrêtés le 12 avril à Sibabougou (région de Kayes) lors d’une opération militaire. Sur plus de 60 disparus, aucun n’a réapparu. Des sources locales évoquent des scènes glaçantes : après avoir été transférés au camp de Kouala, certains détenus auraient subi la torture avant d’être exécutés « par un peloton ». L’ONU mentionne des « rapports non confirmés » sur ces méthodes, tandis que Bamako reste muet malgré les sollicitations de Reuters.
Contexte géopolitique explosif
Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, le Mali, dirigé par une junte militaire, a rompu avec ses alliés occidentaux. Le pays mise désormais sur Moscou et le groupe Wagner, accusé par plusieurs ONG d’exactions dans la région. Lundi dernier, l’armée malienne a justifié ses opérations d’avril en invoquant la lutte contre des « groupes terroristes armés » , un vocabulaire souvent utilisé pour légitimer des raids controversés.
L’urgence d’agir
Alors que la communauté internationale observe la situation avec inquiétude, les experts rappellent l’obligation du Mali de protéger tous ses citoyens. Mais dans un pays miné par l’instabilité et les rivalités ethniques, la route vers la justice s’annonce semée d’embûches. Une question demeure : qui paiera le prix de ce silence assourdissant ?