Le Gaz Africain à l’Assaut du Marché Mondial : Comment le Projet Tortue Ahmeyim Redessine la Géopolitique Énergétique

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Gaz petrol

Le Gaz Africain à l’Assaut du Marché Mondial : Comment le Projet Tortue Ahmeyim Redessine la Géopolitique Énergétique 

Alors que l’Europe cherche à réduire sa dépendance au gaz russe et que l’Asie affiche une demande insatiable, un géant énergétique émerge discrètement au large des côtes africaines. Le champ gazier Greater Tortue Ahmeyim (GTA), chevauchant les eaux territoriales de la Mauritanie et du Sénégal, vient de franchir un cap historique. Selon les dernières données de Kosmos Energy, actionnaire minoritaire mais clé du projet, la production du premier trimestre 2025 a non seulement dépassé les attentes, mais pourrait aussi bouleverser les équations économiques de l’industrie gazière.

Une Performance Inattendue dans un Contexte Mondial Tendu
Les résultats publiés par Kosmos Energy révèlent une réalité insolente : malgré les défis techniques liés à des forages à près de 2 850 mètres de profondeur, le projet GTA a produit l’équivalent de 1 300 barils de pétrole par jour dès ce début d’année. Une prouesse qui s’accompagne d’une réduction des coûts opérationnels, grâce à une optimisation des infrastructures existantes. « Ces chiffres prouvent que l’Afrique peut rivaliser avec les grands acteurs traditionnels du GNL, même dans des conditions extrêmes », souligne un analyste de Wood Mackenzie; ( le premier fournisseur mondial de solutions de données et d’analyse pour les secteurs des énergies renouvelables).

Le consortium, piloté par BP (56 %), Kosmos Energy (27 %), Petrosen (Sénégal) et SMH (Mauritanie), a déjà expédié deux cargaisons de gaz liquéfié depuis avril 2025. La première, chargée à hauteur de 174 000 m³, symbolise l’entrée fracassante de l’Afrique de l’Ouest dans le club très fermé des exportateurs de GNL.

Stratégie : Doubler la Mise… Sans Doubler les Dépenses.
L’ambition affichée est claire : porter la capacité annuelle de GNL de 2,7 à 6 millions de tonnes d’ici 2030. Pour y parvenir, les partenaires misent sur un modèle audacieux : réutiliser les infrastructures de la Phase 1 (coût initial : 4,8 milliards de dollars) et limiter les nouveaux forages. « Le projet repose désormais sur l’efficacité, pas sur la surenchère technique », explique un ingénieur de BP sous couvert d’anonymat.

Les tests en cours sur le navire flottant Gimi,  capable de liquéfier et stocker le gaz en mer,  pourraient permettre de dépasser sa capacité nominale. Quatre lignes de production, actuellement testées à 10 % de leur potentiel, laissent entrevoir une marge de manœuvre inédite.

Enjeux Économiques : Un Pacte Gagnant-Gagnant ?
Pour la Mauritanie et le Sénégal, ce projet est bien plus qu’une manne financière. Il s’agit d’un levier de développement stratégique. Les revenus gaziers devraient financer des infrastructures locales, tandis que le gaz naturel alimentera progressivement les réseaux électriques nationaux. Toutefois, des voix s’élèvent pour demander plus de transparence. « Les contrats doivent garantir que les populations en bénéficient directement », alerte un économiste sénégalais.

Côté marché, les 425 milliards de mètres cubes de réserves récupérables positionnent le GTA comme un acteur durable. Avec 20 à 25 cargaisons prévues en 2025, l’Afrique de l’Ouest pourrait combler jusqu’à 10 % des importations européennes de GNL d’ici 2030, selon les projections de Rystad Energy,  le plus grand cabinet de conseil indépendant en énergie en Norvège.

Si les résultats techniques sont salués, les risques persistent. La profondeur des puits rend les opérations vulnérables aux aléas géopolitiques et environnementaux. Par ailleurs, la dépendance aux majors étrangères (BP, Kosmos) soulève des questions sur la souveraineté énergétique des États africains. Enfin, dans un monde visant la neutralité carbone, le gaz, bien que moins polluant que le charbon, reste un combustible controversé.

 L’Afrique, Future Puissance Gazière ?
Le projet Tortue Ahmeyim n’est pas qu’un succès opérationnel : c’est un symbole. Il démontre que l’Afrique peut exploiter ses ressources sans se contenter d’un rôle de sous-traitant. Alors que la première phase atteint son rythme de croisière, les regards se tournent déjà vers l’expansion. Dans un secteur où l’innovation et la rentabilité font loi, le GTA écrit peut-être les premières lignes d’un nouveau chapitre : celui où l’Afrique dicte ses termes à l’or bleu.

À Retenir :
– 6 millions de tonnes : L’objectif de production de GNL d’ici 2030.
– 425 milliards de m³ : Des réserves comparables à celles de la mer du Nord.
– 221 000 m³/jour : Production quotidienne équivalente en gaz naturel.

« Ce projet est une preuve que l’Afrique n’est plus la périphérie énergétique du monde. Elle en devient le cœur battant. »
Directeur d’un think-tank énergétique européen.

MN

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