L’armée française est en train d’établir une base temporaire, dans le nord du Niger, dans le cadre d’une opération visant les activistes liés à al-Qaïda qui évoluent dans la zone sahélo-saharienne, du sud de la Libye à la Mauritanie. On estime à 300 le nombre de combattants liés à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou au groupe dissident dirigé par Mokhtar Belmokhtar dans le sud de la Libye, point de départ des routes de la contrebande dans la région. A Paris, l’état-major admet que l’armée française va désormais viser les grands points de transit susceptibles d’être empruntés par les terroristes.
Entraver les flux « terroristes ». Telle est désormais la mission de l’opération française Barkhane. Les sources de ravitaillement en armes sont connues depuis longtemps. Ainsi, les mines belges PRB-M qui ont tué des soldats français ou de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) ces derniers mois dans le nord du Mali, proviennent du dépôt d’armes de Brak, près de Sebah, dans le sud de la Libye.
Elles se sont notamment retrouvées entre les mains des combattants de l’une des katiba sahéliennes d’Aqmi – la katiba in Tachfine – qui opérait encore récemment dans une vallée du sud du massif du Tigharghar, à 2 000 kilomètres de là.
L’armée française va donc surveiller ces autoroutes du désert ainsi que les points de passages obligés, à savoir : la passe de Salvador – théâtre d’une opération des forces spéciales française, mi-septembre ; la passe de Tummo, à la frontière libyenne ; la passe de Korizo, entre le Tibesti et la Libye et la région du Djado, dans le nord du Niger, jusqu’à Tazerzait, entre le Niger et le nord du Mali.
Surpendre l’ennemi aux points de ravitaillement
Ces régions ont déjà été survolées régulièrement par les avions de reconnaissance français.
« Quand on survole le Niger ou le Mali, on voit des pistes et on peut voir des véhicules qui sont au milieu du désert, à plusieurs centaines de kilomètres de la première ville du premier village. Ensuite, une fois qu’on vole la nuit et qu’on vole avec des jumelles à vision nocturne, on distingue des points chauds qui sont, en fait, des feux de camps. Il y a énormément de feux de camps. Donc en fait, le désert n’est pas si désert que ça », a déclaré le commandant Norbert, commandant du détachement Rafale, à N(jamena (Tchad).
« Ici, c’est la géographie qui commande ! Les endroits où nous irons sont également connus de nos adversaires. Comme nous, ils ont besoin d’eau et de points ravitaillement. Il revient aux hommes de Barkhane d’être suffisamment mobiles et imaginatifs pour parvenir à les surprendre », a conclu, de son côté, un militaire français.
Par RFI