En Algérie, les négociations de paix inter-maliennes ont repris officiellement hier, jeudi. Mouvements armés du nord et gouvernement de Bamako doivent discuter avec la médiation du texte qui doit servir de base pour un accord de paix définitif. Hier, lors de la séance d’ouverture, la communauté internationale a surtout demandé aux participants de trouver un accord rapidement.
Les pays voisins du Mali et la communauté internationale ont répété le même message que lors de la dernière réunion : il faut aller vite et trouver un accord, car la situation sécuritaire sur le terrain et dans la région est délicate. La Mauritanie, par exemple, qui estime qu’un accord est « de plus en plus urgent ». Les diplomates ont demandé aux belligérants de faire plus d’efforts et d’être prêts à faire des compromis.
L’objectif d’Alger est de parvenir à une signature de texte à la fin de la semaine prochaine. Mais si, à la tribune, le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a lui aussi affirmé qu’il fallait aller vite, les représentants de certains mouvements du Nord, dont le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) et le HCUA (Haut conseil pour l’unité de l’Azawad), ont rappelé que les questions qu’ils avaient posées à la médiation le mois dernier n’avaient toujours pas trouvé de réponse. Et sans réponse, pas d’accord possible selon eux.
Mais du côté de certains experts, des voix s’élèvent pour demander à la médiation algérienne de mettre en place des mécanismes d’application des décisions au sein du texte d’accord. C’est l’unique moyen, selon eux, d’assurer la paix dans la région.
Les Maliens fatigués d’attendre
Au Mali, on suit de très près cette reprise des négociations dans un contexte de recrudescence des attaques terroristes dans le nord du pays. Dans les rues de Bamako, on dit sa hâte qu’un accord soit enfin trouvé. Les Maliens sont « fatigués » par cette crise qui s’éternise dans le nord du pays. Ils veulent la paix.
« Je veux un accord durable qui assure que ça ne va pas reprendre, indique Mahamadou Diawara, un étudiant. Donc moi je veux un accord qui soit définitif. On ne veut plus revenir là-dessus, donc il faut bien voir avec les gens de Gao, de Tombouctou, de Kidal, pour qu’il n’y ait plus de rancune entre eux. On est tous des Maliens, il va falloir se réunir pour reconstruire le Mali ».
La paix, et très vite, mais pas à n’importe quel prix. Mohamed Cherif Coulibaly est professeur de droit. Sur le texte proposé par la médiation algérienne, et dont les différentes parties doivent à présent discuter, il partage avec beaucoup de Maliens une même préoccupation : « Je suis pressé, mais pas trop pressé, tempère-t-il, parce que si on est trop pressé, on va refaire comme avec les accords précédents et je préfère qu’on ne reproduise pas les erreurs du passé parce que si on les reproduit, on reviendra à la situation de départ. Ce qui me préoccupe, surtout, c’est quand on parle encore d’intégration d’ex-combattants dans l’armée malienne. Ça me donne la chair de poule, je suis inquiet ».
Des modalités du recrutement des ex-rebelles dans l’armée nationale à la manière de favoriser le développement économique des régions du Nord, les attentes sont nombreuses. Et l’avancée des négociations sera suivie de très près.