Le leader d’El Mourabitoun, Ahmed El Tilemsi (alias Abderrahmane Ould el Amar), a été tué dans la région de Gao, dans le nord du Mali, a confirmé l’armée française jeudi 11 décembre.
« Plus de dix hommes armés appartenant au même groupe ont été abattus aux côtés d’El Tilemsi lors de cette opération », a indiqué l’AFP citant le porte-parole de l’armée française.
« Agissant sur la base de renseignements, les forces françaises ont lancé cette nuit une opération à Gao en coordination avec les autorités maliennes », a ajouté Gilles Jaron.
El Tilemsi était le leader au Mali du groupe terroriste de Mokhtar Belmokhtar, que Laaouar avait formé en fusionnant avec l’ancien Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).
Selon des observateurs, le succès de cette opération a été dû en grande partie aux efforts de coordination entre les pays de la région directement menacés par le terrorisme, à savoir le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger.
« Ces efforts doivent continuer et se renforcer pour lutter contre tous les mouvements extrémistes qui menacent la sécurité des pays du Maghreb et du Sahel », a déclaré Iman Slaoui, spécialiste marocaine de la communication et de la traduction.
« Il est certes très urgent de consolider la coopération sécuritaire, mais je pense que cette coopération entre les pays du Maghreb dans la gestion du dossier sécuritaire est bonne », a-t-elle expliqué à Magharebia.
Le statut d’El Tilemsi a conféré une importance spéciale à cette opération, dans la mesure où il était l’un des éléments terroristes les plus dangereux et les plus actifs au sein d’El Mourabitoun.
Tous les pays du Maghreb et du Sahel ont contribué au succès de l’Opération Serval que la France a conduite l’année dernière contre al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), a expliqué l’analyste Abdelhamid al-Ansari.
« L’Algérie a joué un rôle efficace dans le renforcement de la sécurité le long de ses frontières avec le Mali, la Libye et la Tunisie », a-t-il ajouté. « La Mauritanie a fait de même. Quant au gouvernement malien, il est considéré comme un partenaire direct et réel dans l’opération au cours de laquelle El Telmesi a été abattu. »
Pour sa part, le journaliste et écrivain mauritanien Mohamed Ould Baraa a salué cette opération pour son impact sur les groupes jihadistes au Sahel.
« Cette opération était en elle-même importante, mais je pense que le travail de renseignement doit être accentué et que des agents doivent infiltrer ces réseaux terroristes, parce qu’une telle mesure contribuera à elle seule à limiter ce phénomène », a-t-il ajouté. « Cela vient s’ajouter aux bonnes intentions des pays menacés et exposés aux opérations d’al-Qaida. »
« Les éléments terroristes représentent une menace alarmante, parce que les pays de la région n’ont pas réussi à ce jour à les contenir totalement », ajoute-t-il. « Leurs capacités de camouflage sont bonnes, et chaque fois que l’un de leurs leaders est abattu, un autre apparaît, plus fort et plus cruel. Cela signifie que nous n’avons pas encore été en mesure de trouver la tête du serpent, et que nous avons par conséquent besoin d’une coordination plus étroite en matière de renseignements et de sécurité. »
El Tilemsi avait été très impliqué dans les narcotrafics avant de s’engager dans le terrorisme armé en tant que membre de la tribu arabe des Tilmesi dans la région nord-est de Gao.
« Il était l’une des principales sources de financement du MUJAO ; cela lui avait permis de devenir un personnage influent », a expliqué le journaliste mauritanien Mohamed Lamine Ould Ahmed Salem, auteur d’un ouvrage sur Laaouar.
« Il était membre du Conseil de la Shura du MUJAO et très impliqué dans les enlèvements », a-t-il précisé sur RFI.
« La haute position dont jouissait El Tilemsi au sein d’El Mourabitoun aura sans aucun doute des répercussions importantes au sein du groupe, même s’il est remplacé par quelqu’un d’autre », a expliqué à Magharebia Jérôme Pigné, spécialiste français du terrorisme.