MAURITANIE : Point de vue / Choix des ministres qui accompagnent le Chef de l’Etat : tirage au sort ou complaisance ?
A la Une, Actualites, Analyses, Fait marquant, Focus, MAURITANIE, Politique, Tribunes&Débat 09 Mar 2020Le mercredi 26 février 2020, le président de la République son Excellence M. Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, quittait Nouakchott pour Riyad au Royaume d’Arabie Saoudite en visite officielle sur l’invitation du gardien des lieux saints de l’Islam, le Roi Selman Ibn Abdallah.
Le Président de la République était accompagné d’une délégation qui comprenait cinq ministres : Ismail Ould Cheikh Ahmed, le ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, Abdelaziz Ould Dahi, le ministre de l’économie et de l’industrie, Mohamed Ould Abdel Vettah, le ministre du pétrole, des mines et de l’énergie, Sid’ Ahmed Ould Mohamed, le ministre du commerce et du tourisme, et Dy Ould Zeine, le ministre du développement rural. Actes posés au cours de ce voyage, la signature au Palais Royal d’El Yemama d’accords portant sur deux programmes dans le domaine de la coopération culturelle, de la formation technique et professionnelle et deux protocoles d’accords de coopération dans le domaine de la fonction publique et de la documentation.
Trois de ces accords ont été signés pour notre pays, par le Ministre des Affaires Etrangères Ismail Ould Cheikh Ahmed et le quatrième par notre Ambassadeur en Arabie Saoudite. Les accords ont été signés en présence des cinq ministres qui ont fait le déplacement. Ce que je ne trouve pas explicable c’est que les cinq ministres qui accompagnaient le chef de l’État au cours de cette visite officielle assistaient à la signature des accords comme des figurants ou des spectateurs d’une espèce de spectacle où la vedette et l’acteur principal était le Ministre des affaires étrangères. Les ministres de la fonction publique, celui de la culture et celui de la formation professionnelle que les programmes concernaient ne faisaient pas partie du voyage et aucun des accords signés ne concernait les ministres présents à la cérémonie.
Qu’est ce qui a bien pu se passer pour que, cinq ministres qui ont effectué le voyage assistent comme des observateurs ou des spectateurs à une cérémonie à laquelle ils sont étrangers ? Dysfonctionnement dans les rouages administratifs du sommet de l’Etat ? Sabotage délibéré ? Objectif de faire dépenser l’argent des contribuables mauritaniens -qui peinent sous la dette héritée d’un système en décomposition-, en frais de mission injustifiée ? Incompétence des conseillers de la présidence et ceux de la primature ou tout cela à la fois ? Il est difficile de répondre à toutes ces questions. En tous cas, ce n’est pas la première fois que telles maladresses diplomatiques ou administratives se révèlent au grand jour. Le président Ould El Ghazouani – je le crois sincèrement,- est animé d’une réelle volonté de faire à la fois vite et bien pour impulser une nouvelle dynamique au développement du pays. Mais, plus familier avec les rouages militaires et les administrations des états-majors, n’est-il pas entrain de se laisser induire en erreur volontairement par quelques personnes malintentionnées pour faire croire qu’il a des insuffisances dans ses capacités d’exercer les activités de Chef d’état ? En tous cas ce n’est pas la première fois qu’un tel dysfonctionnement, inexpliqué est constaté lors des visites du chef d’état à l’étranger. Par exemple. Le chef de l’Etat, vous vous souvenez s’était rendu aux Emirats-Arabes Unis en visite officielle. Une visite qui a été couronnée de succès sur le plan diplomatique économique et financier. Des accords portant sur une enveloppe globale de 2.000.000.000 de dollars ont à cette occasion été signés à la rafale. Du côté mauritanien par le ministre des affaires étrangères. Cinq des six accords signés par le Ministre des Affaires étrangères concernent des domaines dont aucun ne relevait des ses compétences.
Une partie des fonds émiratis va être destinée aux infrastructures routières des ports et des aéroports : Le Ministre de l’équipement n’était pas présent. Ces accords prévoient la construction de 400 salles de classe : le Ministre de l’éducation n’était pas non plus présent. Le volet social signé avec les prévoit la réalisation de 500 projets pour offrir l’emploi à des jeunes chômeurs : le Ministre de la Jeunesse était absent. Le programme prévoit le montage d’activités génératrices de revenus en faveur des familles démunies : la Ministre des Affaires Sociales de la famille et de l’enfance ne faisait pas partie de la délégation.
Par contre omniprésent, et même un peu encombrant, le ministre des Affaires Étrangères s’était substitué à tous ses collègues “absentés” “volontairement” et dont les départements seront impliqués dans l’exécution de ces programmes. Ces cas cités en exemples suffisent pour faire comprendre qu’il y’a un hic dans la désignation et le choix des ministres qui accompagnent le Chef de l’Etat. Et j’ai personnellement, comme l’impression, que les ministres qui se déplacent avec le président sont choisis par alliance, par amitié ou par un tirage au sort. Mais on ne dirait pas par nécessité ou objectivité.
Maintenant je me demande s’il n’y a pas complaisance dans la prise de décisions au plus haut niveau en ce qui concerne la composition de ces délégations officielles ? Ou peut-être un sabotage délibéré ? Tout m’autorise à penser que les ministres Abdelaziz Ould Dahi des finances, le benjamin de l’équipe Mohamed Ould Abdel Vettah de l’énergie et des mines, Sid’ Ahmed Ould Mohamed, du ministère du commerce et du tourisme, et Dy Ould Zeine, le ministre du développement rural ont effectué le voyage de l’Arabie Saoudite pour une Oumra aux frais payés par les contribuables mauritaniens.
Ould El Ghazouani, qui fait face à un chantier gigantesque, qui se bat sur tous les fronts économiques et financiers, qui essaie de remédier à toutes les insuffisances héritées d’un système auquel il appartient généalogiquement, a pris en compte et en passif pour son entourage une vieille garde rodée sur des manigances fratricides et des coups bas. Certains éléments de cette vieille garde ne fournissent aucun effort pour changer de comportement et de mentalité. De ce fait, de cause à effets, malheureusement, ils font jouer au nouveau président des risques par leurs incompétences et le manque de responsabilité dans le travail qui leur est confié ou pour lequel leur avis est demandé.
Notre Ministre des Affaires Etrangères, Ismail Ould Cheikh Ahmed, qui avait échoué dans sa mission diplomatique onusienne au Yemen, qui a quitté le palais de Nations-Unis par une porte étroite, qui a été récupéré par Ould Abdel Aziz (pour des services rendus) et qui a été recyclé par Ould El Ghazouani, n’est-il pas entrain de jouer au substitut de tous les ministres pour faire croire à des compétences qui lui manquent en réalité ? Ou alors, simplement continue-t-il à faire preuve de maladresse diplomatique comme celle à cause de laquelle il a été remercié par la plus grande instance diplomatique du monde par une note confidentielle pas très élogieuse ? En tous cas, ces petites maladresses administratives, ne profitent pas à notre diplomatie et encore moins à la cohésion entre les membres du gouvernement qui doivent être chacun en ce qui le concerne au début comme à la fin de tout processus relevant de sa compétence. Si le ministre des Affaires étrangères qui commence à prendre de l’âge dans cette fonction a voulu à Abou Dhabi et à Riyadh voler la vedette à certains ministres laissés derrière et jouer solo à la signature des accords et programmes pour se faire remarquer, c’est réussi. Réussi mais sous forme d’une mise en scène qui peut être, met mal à l’aise ses collègues dont les compétences jusqu’ici n’ont pas été démenties.
Mohamed Chighali
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