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Il y a deux ans et quelques mois nous traitions sociologiquement de la baisse du niveau des élèves en Mauritanie sur le compte du Syndicat National des Etudiants de Mauritanie (SNEM) pour sa contribution aux Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) entreprises par les autorités mauritaniennes en 2011. Et participions également sept mois plus tard aux assises nationales de ces mêmes E.G.E.F, tenues au palais de congrès de Nouakchott entre le 03 et le 06 février 2013. Le deuxième jour de ces assises, un Monsieur assis juste devant nous intervenait face à la commission de supervision à peu près en ces termes en faisant éclater de rire toute la salle: « J’espère que ce qui va être dit par les mauritaniens dans cette salle va être pris en considération. Parce qu’en Mauritanie il y a toujours eu Etats Généraux mais à la fin ils se transforment en des Etats Caporaux »

« Etats caporaux », fut le terme qu’il inventa pour mettre en garde contre le manque de sérieux qu’il pouvait y avoir de la part des autorités mauritaniennes après tout ce bruit et après avoir fait dépenser du temps et surtout de l’énergie à des hommes et à des femmes en plein année scolaire.

Et voila deux ans après, aucun changement profond n’a été effectué dans le secteur de l’Education ; en considération des recommandations formulées par les uns et les autres lors de ces assises. Pire encore, le rapport final a été pris en otage par nos vaillants généraux qui n’ont apparemment aucun intérêt à ce que l’Ecole mauritanienne se porte bien. Car cela pourrait bien conduire à la fin de leur règne satanique sur notre pays.

En effet, dans ce document, nous avions lié à la lumière des recherches et de l’autopsie faite des réponses fournies par les personnes enquêtées, la baisse du niveau des élèves à huit éléments fondamentaux :

  1. Le faible niveau des enseignants,
  2. La pauvreté du programme scolaire,
  3. La distribution inégalitaire des manuels,
  4. L’absence d’encadrement pédagogique,
  5. La négligence de la supervision administrative,
  6. Le sureffectif des classes,
  7. La négligence du redoublement dans les quatre premières années du fondamental
  8. L’accès immédiat au fondamental sans préscolaire.

Les raisons de la baisse du niveau des enseignants eux-mêmes avaient été expliquées par la pauvreté d’une formation initiale et l’absence de formation continue. Cependant, le problème est un problème de système. Les enseignants étant eux-mêmes issus du même système de formation médiocre ne peuvent être logiquement que des transmetteurs perpétuels de cette médiocrité.

Nous disions alors en guise d’introduction ceci : « connaitre la manière dont est géré le secteur de l’Education nous permettra d’appréhender la véritable pathologie qui secoue notre système éducatif et de proposer des remèdes qui orienteront certainement les décideurs politiques dans l’instauration d’un meilleur système éducatif.

Appréhender les différents facteurs explicatifs de la baisse du niveau des élèves nous permettra, avec une volonté politique ardente, bien sûr, de dépasser le problème. »

Pourtant avec le temps et au fur à mesure que nous nous informons et que nous observons, nous nous rendons compte que ce faible niveau, cette médiocrité scolaire, trouve sa raison d’être ailleurs. Qu’au-delà et derrière ces raisons apparentes se cache une volonté politique de nuire aux enfants de la Mauritanie, de maintenir à jamais une grande partie des fils et filles du pays notamment les negro mauritaniens dans la misère spirituelle. Cette volonté politique de nuire est à nos yeux aujourd’hui la cause-mère de ce faible niveau.

En fait, notre école ne souffre pas par erreurs pédagogiques involontaires ou par mauvaise gestion involontaire. L’élite beïdane au pouvoir, plus précisément celle qui se passe le pouvoir depuis 55ans aujourd’hui, a bien fait exprès de la délaisser et de la banaliser en dégradant et en « racialisant » le programme pour ne pas former des intellectuels capables de critiquer et de s’insurger contre sa politique de domination générale beïdane sur la communauté noire. Sinon, comment expliquer que ni elle-même ni les « ouvriers » (Personnel administratif et pédagogique) de son système oligarchique et dictatorial n’y envoient leurs enfants. Sans doute, n’est ce pas parce qu’ils n’ont pas foi en elle ?

L’ « arabisation » à outrance elle-même, n’est ce pas un calcul politique pour acculturer et « imbéciliser » les enfants negro africains quand on sait pertinemment que les grands artisans de cette même école envoient leurs enfants dès le bas âge dans des écoles françaises, anglaises, espagnoles, chinoises et autres mais jamais dans des écoles arabes ; qu’avec les moyens financiers dont ils disposent ils payent à leurs enfants des cours de tout genre en français et en anglais à domicile au cœur de Tevragh Zeina.

Aujourd’hui, ce sont seulement les familles pauvres (Minorité des beïdanes, majorité des negros africains et majorité des harratines) qui envoient leurs enfants à l’école publique, n’ayant pas les moyens de les envoyer dans des écoles privées.

Ainsi donc, au nom de la politique et des intérêts personnels, notre école s’est retrouvée comme elle est aujourd’hui ; dans un état où y envoyer des enfants ou ne pas le faire du tout, revient presqu’au même. Et des milliers d’enfants sont privés d’éducation.