La chroniqueuse et poétesse franco-mauritanienne Mariem Derwich a regretté que le Français soit en « perte de vitesse en Mauritanie » à point qu’il est devenu « une langue presque clandestine ».
La littérature mauritanienne souffre de cette situation selon Mariem Derwich qui était interrogée par Alakhbar à l’occasion de la 5e édition du festival littéraire Traversée Mauritanides. « Écrire ou intervenir en Français nous (écrivains) coupe automatiquement d’une grosse majorité de la population mauritanienne. Et puis nous sommes inaudibles; les arabisants ne nous lisent pas mais nous ne lisons pas aussi les arabisants, parce qu’il n’y a pas de traduction des œuvres.»
«J’essaye d’être optimiste. On n’a eu de très grands auteurs francophones depuis les tous premiers comme Ousmane Moussa Diagana qui ne sont pas enseignés dans les écoles et d’autres auteurs modernes comme Djibril Zakaria Sall. Malheureusement la langue française est en perte de vitesse, c’est une question d’histoire et d’idéologie: comment en tant que Mauritaniens nous nous percevons dans le monde ? Dans quelle langue peut-on être aujourd’hui Mauritanien?»
« C’est vrai, le Français est la langue du colon. Mais elle fait maintenant partie de notre histoire autant que l’Arabe est aussi une langue des colonisateurs Baní Hassan qui sont venus en Mauritanie au 15e et 16e siècle (…) Le Français est aujourd’hui une langue africaine elle n’appartient plus à la France et aux Français elle fait partie de l’histoire africaine et nous sommes en train de créer nous une nouvelle langue française qui nous est spécifiquement propre», a-t-elle précisé.
ALAKHBAR (Nouakchott)