Gabon-Economie-Agriculture:Alexis Ndouna met le cap vers l’industrialisation de l’agriculture
A la Une, Actualites, Afrique Subsaharien, Dépêches, Economie, Fait marquant, Gabon, Interview, Interview, Politique 18 Déc 2013Le Président-Directeur Général de Nao Group Holding Company, Alexis Ndouna, et son équipe se sont donnés comme vocation le développement agricole. Discret, alerte et désireux de concilier agriculture et industrialisation, il va drainer l’épargne de la Coopérative agricole deKayié (Coopak) vers des investissements productifs, la réalisation de petits projets collectifs au niveau des villages du sud-est du Gabon. L’exemple du canton Kayié, au cœur de Kabaga-Bayi, est édifiant.
Question : La Coopak a fait sienne la dimension sociale et l’argument pour soutenir l’économie sociale via une activité solidaire ?
Alexis Ndouna : En effet, nous avons la ferme volonté de mobiliser les agriculteurs du canton Kayié et de proposer des produits qui soient à la fois locaux, biologiques, durables et de qualité afin de répondre à une demande croissante des consommateurs. La dimension sociale se joue également sur le plan du maintien ou du développement de l’emploi. C’est l’une des conditions de réussite du projet. L’autosuffisance alimentaire représente un défi pour le Gabon et devrait constituer, si elle aboutissait, un pas important pour circonscrire la politique agricole d’un pays toujours dépendant du pétrole.
Présentez-nous votre Coopérative
La Coopérative agricole de Kayié est une initiative que nous avons initiée pour sédentariser les populations dans un premier temps et ensuite pour leur donner la possibilité d’avoir un revenu. L’activité agricole existait déjà mais de façon artisanale. Le Groupe Nao a apporté l’encadrement, le conseil et de petits moyens financiers pour permettre à la Coopak d’atteindre certains de ses objectifs.
Que cultivez-vous ?
Nous cultivons du café, du cacao qui furent les premières activités de la coopérative. Il y a un an, la coopérative avait pris la décision de cultiver du manioc pour répondre à un besoin du marché. Il nous a fallu nous adapter pour réussir le pari qui mènerait vers l’autosuffisance alimentaire sur le plan national pour ne pas laisser le pays dépendre des importations massives et incontrôlées des pays voisins qui couvrent pour environ 80% des besoins alimentaires de nos compatriotes.
Comment allez-vous accompagner vos ambitions ?
Le marché alimentaire au Gabon est très dynamique…et de plus en plus exigeant. Notre ambition s’inscrit dans une volonté de développer une industrie locale et de qualité. Le besoin est là. Pour la campagne agricole de l’année 2012, nous avions pu cultiver 1000 hectares de manioc et pour la campagne 2013 qui vient de débuter, nous voudrions atteindre 5000 hectares de manioc planté. . Et en dehors du manioc, nous nous sommes lancés dans la culture de l’igname et espérons planter d’ici mars 2014 l’équivalent de 3000 hectares. En dehors du café et du cacao, de l’igname, du manioc, nous développons également un verger très varié composé de manguiers, d’orangers, d’atangatiers, etc. Une variété d’arbres fruitiers qui produit tardivement par rapport au cycle de maturité du manioc.
La Coopak en chiffres ?
En termes de chiffres et de perspective, la Coopak a bien fonctionné en 2012 pendant 6 mois avec l’équivalent de 200 personnes. Au regard des objectifs affichés pour la campagne actuelle, nous allons créer entre 500 et 600 nouveaux emplois car nous allons entrer dans la phase d’industrialisation. En effet, nous avons commandé du Japon une usine de transformation qui nous permettra de disposer de produits dérivés du manioc, essentiellement de la farine de manioc, entre autres dérivés. Trois composantes rythment nos activités ; La plantation axée sur la récolte et le planting. Il nous faut récolter le manioc planté l’année dernière et qui est arrivé à maturité. Mais également prévoir une seconde équipe de travailleurs chargée de planter sur de nouveaux espaces labourés. La deuxième composante est l’usine où est traité le manioc pour le débarrasser du cyanure. Un traitement préalable de la pâte de manioc est nécessaire après passage au four. La troisième composante est la production. L’usine produira l’équivalent de 500 sacs de 25 kilos de farine de manioc.
Les objectifs pour 2014 ?
Nous devons répondre aux besoins du marché local avec une maîtrise sur les prix. En d’autres termes, nous voudrions accéder à la chaîne de production pour ramener le prix du sac de manioc à un niveau raisonnable et compétitif. Le prix du sac de 25 kilos de manioc est actuellement de 20 000 francs CFA à Libreville et à Franceville ( il peut atteindre 24 000 F CFA en période de pénurie) et notre objectif est de le ramener à 15 000 F CFA. Nous avons déjà eu des contacts avec des centrales d’achat de la République démocratique du Congo (RDC), du Congo Brazzaville et de l’Angola qui souhaiteraient se procurer du manioc de laCoopak. Le moment venu, l’exportation suivra.
La Coopak a besoin de l’appui des partenaires et des bailleurs de fonds pour parfaire son industrialisation et donc son expansion
Nous avons besoins d’expertise et de moyens financiers conséquents pour pérenniser nos activités et opter pour une mécanisation globale. Il nous faudrait par conséquent beaucoup d’investissements au regard de l’étendue des surfaces exploitées. Comme toute entreprise de notre dimension, nous sommes confrontés à des difficultés qui limitent notre expansion. Pour mener à bien les initiatives de la Coopak, nous souhaiterions créer les meilleures conditions pour que les bailleurs de fonds prennent en compte les spécificités propres à notre coopérative. Lorsque nous analysons les chiffres de la balance commerciale dans la sous-région, le Gabon est déficitaire, c’est-à-dire dépendant de l’extérieur pour ses besoins alimentaires. Aujourd’hui, notre combat est de contribuer à réduire cette dépendance vis-à-vis des pays voisins.
Quelle quantité d’engrais utilisez-vous sur l’étendue de vos exploitations ?
Nous n’utilisons pas d’engrais. Nous fabriquons du compost à partir de feuilles mortes pour enrichir nos sols, notamment pour la culture du café et du cacao. Pour les plants de manioc, après le passage du tracteur, les boutures sont mises directement en terre. C’est une technique à la fois traditionnelle et biologique.
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