Le gouvernement de transition du Burkina Faso a annoncé sa composition dimanche après plusieurs jours d’intenses tractations. Les militaires occupent quatre portefeuilles, notamment ceux de la Défense et de l’Intérieur.
Le gouvernement de transition du Burkina Faso, désigné dimanche 23 novembre par décret, doit tenir lundi son premier Conseil des ministres. Au sein de ce cabinet intérimaire, composé de 26 ministres, plusieurs postes clés reviennent à des militaires.
Homme fort du pays depuis le renversement du président Blaise Compaoré, le lieutenant-colonel Issac Zida cumule désormais le poste de Premier ministre avec celui de ministre de la Défense. Le colonel Auguste Denise Barry, l’un de ses plus proches collaborateurs, a été nommé ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, l’équivalent du ministère de l’Intérieur. Le colonel David Kabré, porte-parole du lieutenant-colonel Isaac Zida, est en charge du Sport, tandis qu’un quatrième militaire, Boubacar Ba, prend la direction du ministère des Mines et de l’Énergie.
« Un gouvernement de techniciens »
Outre ces proches du colonel Zida, le gouvernement de transition comporte 24 ministres et deux ministres délégués. Le président de la transition Michel Kafando a notamment obtenu le portefeuille des Affaires étrangères. Joséphine Ouédragogo, candidate malheureuse au poste de présidente de la transition, a été nommée à la Justice, tandis qu’Augustin Loada, figure éminente de la société civile, est chargé de la Fonction publique. L’Économie et les Finances reviennent à Jean Gustave Sanon, qui avait fait carrière à l’Uméoa (Union monétaire ouest-africaine) et au Fonds monétaire international (FMI).
Dans l’ensemble, cette composition satisfait l’opposition. « C’est un gouvernement de techniciens, on n’attendait pas autre chose », a réagi Ablassé Ouédraogo, du parti Le Faso autrement. Comme le rapporte Anna-Sylvestre Treiner, la correspondante de France 24 au Burkina Faso, Bénéwendé Sankara, le président du parti sankariste UNIR-PS, a aussi fait part de son approbation, même s’il attend de premiers résultats: « Pour lui, l’important sera que le gouvernement mène à bien sa première mission, organiser au plus vite des élections (prévues en novembre 2015, NDLR) ».
Certaines figures de ce gouvernement de transition font toutefois polémique. « Pour le collectif de la société civile, Balai citoyen, il y a un gros point noir, le ministre de la Culture, Adama Sagnon. L’homme est l’ancien procureur du Faso, un proche de François Compaoré, le frère de l’ancien président », note ainsi Anna-Sylvestre Treiner.