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Aziz-ZidaLe président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a rendu visite ce lundi 10 novembre 2014 au nouvel homme fort du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Isaac Zida. Au nom de l’Union africaine dont il est encore le président pour quelques mois. Une visite qui a suscité des commentaires amusés de par le passé d’ancien général putschiste d’Ould Abdel Aziz qui a vécu lui -même pareille situation en 2008, quand il avait « rectifié » le pouvoir du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

Un putsch qu’il a mis un an à faire accepter par la communauté internationale, et surtout par l’UA, comme un « incident de parcours ». Parce qu’Aziz n’en était pas à son premier putsch. C’est lui qui profite, en 2005, de son poste de commandant du Basep (Bataillon de la sécurité présidentielle) pour mettre un terme à vingt ans de pouvoir de Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya. Le rapport de force au sein de l’armée et les pressions de la communauté internationale ont poussé Aziz et son « double », le général Ghazouani, actuel chef d’état-major général des armées, à différer leur prise du pouvoir effective en laissant leurs aînés, les colonels Ely et Ould Boubacar, gérer une « transition » qui s’avèrera plus tard « inutile et incertaine ». Les deux tombeurs de Taya restés au poste de commandant de la garde présidentielle et de directeur général de la sûreté, étaient, en fait, plus puissants, que le président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), composé de 17 officiers supérieurs, Ely Ould Mohamed Vall, et le chef d’état-major des armées, Ould Boubacar. Ce dernier sera d’ailleurs remplacé à son poste à la fin de la transition militaire 2005-2007 par Ould Ghazouani promis général deux mois après l’accession d’Ould Abdel Aziz à ce grade qui lui assurait la mainmise définitive sur l’armée.

C’est pour dire que le nouvel homme fort du Burkina a de qui apprendre pour jouer le jeu de l’UA. Sans rien perdre de son pouvoir actuel conféré par la puissance de feu de sa garde présidentielle. Il peut accepter une transition qui ne lui retirera pas le pouvoir des mains, en attendant comment la situation politique va évoluer. Surtout que le président mauritanien a déclaré, dès son arrivée à Ouagadougou, qu’il n’est pas venu réitérer l’ultimatum de l’Union africaine, mais encourager les différents protagonistes de la crise burkinabé à « aller au plus vite vers une transition apaisée. » On entend par là que l’ultimatum de 15 jours lancé par l’UA pour un retour du pouvoir burkinabè aux civils, sous peine de sanction, n’est pas dans l’agenda d’un président en exercice qui a lui-même été soumis à cette menace il y a sept ans. Solidarité entre le « maître » et l’élève donc, bien que Zida ne soit pas, au vrai sens du terme, un putschiste. Il n’a fait que profiter d’une situation de vacance du pouvoir après la fuite de Compaoré. Son seul tort est de vouloir rester sans passer par la voie « transition » qui permettrait au peuple de récupérer son dû. Il doit, pour cela, éviter les erreurs commises par d’anciens élèves d’Aziz, les capitaines Dadis Camara de Guinée et Sanago du Mali, qui avaient déclaré, ouvertement, s’inspirer du « coup » de l’homme fort de Nouakchott, mais avaient mal fini parce qu’il y avait une différence de contexte plus déterminante que la similitude des faits.

 

 

Ms