Une quarantaine de détenus ont été soumis à différents actes de tortures (simulation de noyade, violences psychologiques et physiques…) selon le rapport du Sénat américain
Le Sénat américain a rendu publique mardi une version expurgée d’un rapport d’enquête parlementaire très attendu sur l’usage de techniques d’interrogatoire renforcées par la CIA après le 11-Septembre contre des membres suspectés d’Al-Qaïda. Des mesures assimilées à de la torture.
Le rapport, long de plus de 6.000 pages dans sa version classifiée et de 525 pages dans sa version publique, constitue le compte-rendu le plus détaillé du programme secret, lancé par George W. Bush en 2002 avant d’être stoppé par Barack Obama à son arrivée au pouvoir en 2009.
Quelles méthodes ?
Les détenus soumis à la simulation de noyade étaient attachés à une planche, et de l’eau était versée dans leur nez et bouche, parfois pendant 30 minutes et plusieurs fois par jour, provoquant des convulsions et les forçant à vomir. Cette pratique, la plus controversée, a pris fin en 2003.
Parmi les autres techniques, les prisonniers ont été frappés, jetés contre les murs, privés de sommeil pendant des périodes atteignant 7 jours et demi (180 heures), soumis à des températures glaciales et des douches froides, dénudés, obligés de se tenir dans des positions douloureuses pendant de longues périodes (à genoux et le corps en arrière, menottés…), menacés de fausses exécutions. Le détenu Abd Rahim Al-Nashiri a été menacé d’un pistolet et d’une perceuse, qui n’ont pas été employés.
Les conditions de détention, en elles-mêmes, participaient de la pression physique et psychologique appliquée sur les détenus. Dans le centre de détention identifié sous le nom de Cobalt, vraisemblablement en Afghanistan, les détenus se trouvaient isolés dans des cellules totalement noires, constamment enchaînés, avec de la très forte musique et un simple seau.
Ces techniques renforcées ont pris fin complètement en décembre 2007.
Lieu des prisons secrètes de la CIA
Les détenus dits de grande valeur ont été interrogés par la CIA dans des lieux secrets, des « sites noirs », avant d’être transférés dans la prison militaire de Guantanamo, sur l’île de Cuba, en 2006.
Un rapport parlementaire européen de 2007 accuse nommément la Pologne et la Roumanie d’avoir abrité, entre 2003 et 2005, des centres de détention secrets, respectivement à Kiejkuty, dans le nord-est de la Pologne, et à Bucarest.
Un site en Lituanie, visité par des parlementaires européens, est également soupçonné à Antaviliai, à 20 kilomètres de Vilnius.
La Thaïlande, ainsi que l’Afghanistan où l’armée américaine était en guerre, auraient aussi abrité des sites.
Le rapport sénatorial ne lève pas le voile sur ces pays.
Combien de détenus ?
Selon le rapport du Sénat, 119 détenus ont été capturés et emprisonnés dans le cadre du programme secret de la CIA, dont 39 ont subi les techniques « renforcées ».