La Banque mondiale pousse le gouvernement mauritanien à surmonter les handicaps qui retardent le projet de production de l’électricité à partir du gaz du champ Banda, au large de la capitale Nouakchott.
Politique énergétique du gouvernement : Ambigüe et Couteuse
Sans donner l’impression de résister, le gouvernement, qui caresserait d’autres options pour résorber le déficit en électricité du pays, et même d’autres pays tel que le Sénégal et le Mali, a prolongé jusqu’à la fin de l’année le délai du permis d’exploitation du gaz accordé à Tullow Oil, ordonné à la SNIM et à la SOMELEC de combler le vide laissé par le désistement de Kinross dans la participation au capital de la SPEG et se serait engagé à dénicher un partenaire à la société anglaise, en plus de SFIO, pour l’accompagner dans le projet gaz qui ne semble plus beaucoup l’intéresser. Du moins pour le moment…
L’approvisionnement du pays en électricité. Un domaine dans lequel le président Mohamed Ould Abdel Aziz croit avoir enregistré des résultats plus que positifs. Même si Nouakchott continue de connaitre des délestages et coupures quotidiennes du courant. D’ailleurs, l’ambition des autorités n’est plus uniquement de résoudre le défit en matière d’électricité, mais plutôt de l’exporter vers le Sénégal et le Mali.
Le ministère du pétrole et de l’énergie a même déjà procédé à la signature d’accords allant dans ce sens avec le Sénégal. S’agit-il d’une imposture, une fuite en avant ou plutôt d’une réussite réelle…
En se basant sur les projets en instance de réalisation pour l’augmentation des capacités de production de l’électricité à Nouakchott, on se rend bien compte de l’énorme effort consenti par le gouvernement dans ce secteur. Tout le monde, détracteurs et laudateurs, semble s’accorder sur cela.
Mais ce qui suscite étonnement et interrogation réside ailleurs : le peu d’empressement du pouvoir et de son partenaire anglais pour l’exploitation du Gaz de Banda dans la production de l’électricité. Une solution pourtant beaucoup moins coûteuse, tant au niveau de l’investissement qu’au niveau du prix de revient pour les usagers.
C’est bien cet objectif de produire l’électricité à bon prix qui a poussé le gouvernement à créer une entreprise dédiée à la production de l’électricité, SPEG, à partir de Banda dont les réverses, plus ou moins modestes, ne justifient pas son exploitation pour l’importation. Mais elles permettent cependant de produire de l’électricité. Beaucoup d’électricité, parait-il, qui dépasse largement les besoins internes.
Un acquéreur extérieur devient, le cas échéant, nécessaire pour songer à monter le projet de gaz. Les voisins, Sénégal et Mali, qui rencontrent des difficultés à satisfaire leurs besoins énergétiques, sautent sur l’occasion et s’engagent à prendre l’éventuel surplus d’électricité qui sera produit par notre pays.
En attendant la réalisation du projet et afin de fidéliser le désormais client sénégalais, la Mauritanie envisage de lui livrer 80 mégas dès la fin des travaux de construction de la centrale Dual de Nouakchott, prévu la fin 2014. Et à des prix aux rabais qui ne prennent pas en compte tous les coûts de production.
Une autre option ?
Jusqu’ici le schéma paraissait clair et limpide. Mais depuis quelque temps, il semble pourtant que le gouvernement n’est plus vraiment chaud à l’idée de réaliser le projet de production de l’électricité à partir du gaz. Il envisagerait même la construction d’une nouvelle centrale Dual qui fonctionnerait d’abord par le fuel… Pourquoi ce revirement si coûteux? Aucune explication officielle.
Pourtant si cette option se confirmait, se sera une perte sèche pour le pays qui aura, s’il respecte les engagements pris pour les sénégalais, consenti beaucoup de moyens financiers, pris une dette colossale pour subventionner la consommation d’électricité d’un autre pays. Un cas de figure pourtant très envisageable, tant on tient, en haut lieu, de donner l’impression que le pays va très bien, parce qu’il arrive à exporter l’électricité aux autres.
Un bien maigre consolation… Même si certains n’hésitent pas à penser à la volonté officielle d’avantager une entreprise ‘’amie’’. Celle qui a déjà gagné, dans des conditions plus que discutables, le marché de la centrale Dual. Et qui serait en partenariat avec une personnalité influente à laquelle on ne peut rien refuser.
Mohamed Mahmoud Ould Targui
Source:Rmibiladi