Après les annonces, tambours battants, du Ministre de l’Education Nationale et sa nouvelle vision, une liste de 573 enseignants détachés sur près de 2000 identifiés vient d’être discrètement affichée. Il s’agit là des paumés de l’Education; ceux qui n’ont pas assez de bras longs pour défendre leur cause. Tout s’est passé dans une opacité totale et les résultats, plus que mitigés, montrent à quel point les velléités d’une véritable réforme du secteur de l’Education nationale sont encore lointaines.
En effet, après bien des tergiversations et dans une cacophonie générale, les responsables du Ministère de l’Education Nationale se sont résolus à afficher, cette liste de toutes les discordes en oubliant au passage de prévoir une colonne « discipline » pour bien cacher leur jeu. S’agit-il de francisants ou d’arabisants ? Quelles sont les principales disciplines concernées ? Tout ce que l’on sait est que 70% des fonctionnaires figurants sur la liste sont des instituteurs.
Comme l’a si bien dit le Directeur de la revue pédagogique dans son numéro de septembre dernier : « …des enseignants détachés depuis décennies n’ont plus aucun lien direct avec l’enseignement. C’est comme si l’ont demandait à un chirurgien ayant perdu 20 ans de pratique professionnelle de revenir dans un bloc opératoire ».
Ainsi donc, après toute une campagne de Communication orchestrée par le Ministre de l’Education des fins fonds du terroir, la montagne vient d’accoucher d’une souris portant la politique de deux poids, deux mesures au stade de credo.
Nombre d’observateurs estiment que la gestion hâtive, calamiteuse et sans transition de ce dossier va probablement entraîner le secteur de l’Education nationale dans une situation inextricable. Une mesure jugée disproportionnée par tous les syndicats des enseignants et qui risque d’éclabousser plus d’un responsable à commencer par le Ministre de l’Education Nationale considéré aujourd’hui comme le principal artisan de cette politique de la terre brûlée.
A leur tour, les fonctionnaires semblent décidés à défendre leur cause. Les jours qui viennent nous édifieront sur la solution de sortie de crise au sein du secteur de l’Education où le feu continue de couver sous les cendres des espoirs déçus.
La plateforme revendicative des enseignants rappelés est sans ambiguïté :
– Moratoire pour l’année scolaire 2014-2015 ;
– Mise en place d’une commission pluridisciplinaire présidée par le Ministère de tutelle ;
– Choix de critères objectifs et scientifiques pour le personnel éligible ;
– Analyse des CV/emplois occupés et priorités du pays ;
– Etude d’impact, notamment préjudices financier/avantages acquis ;
– Echelonnement du passif auprès des banques de la place ;
– Formation et perfectionnement des enseignants retenus pour l’année scolaire 2015-2016 ;
– Option de retraite anticipée à la demande.
En tout état de cause, par cette mesure très mitigée, le Ministère de l’éducation nationale semble avoir ouvert une véritable boite de pandore. Qu’en sortir-t-il ? les mois prochains nous édifieront.