
Il parait que le Président du
Nigéria, Jonathan Goodluck devait prendre part à la rencontre
“Processus de Nouakchott“ sur la Sécurité au
Sahel, qui a eu lieu du 17 au 18 décembre 2014. Seulement, l’interview d’un certain
Tishau, membre de
Boko Haram, parue le 21 Septembre 2011 et publiée par un journal Nigérian,
«The Punch», serait à l’origine de son absence au Sommet et du coup explique le froid entre le
Nigéria et Mauritanie. Le dénommé
Tishau révèle dans cet entretien que la
Mauritanie a servi de berceau originel à certains membres du groupe terroriste. Certaines exactitudes font cependant douter de la véracité des propos tenus par ce type, membre influent du groupe islamiste radical au
Nigéria, surtout lorsqu’il déclare que le
«Mouvement Boko Haram a pris racine en Mauritanie après le coup d’Etat de 2004 contre Ould Taya», or ce coup a eu lieu en 2005. D’abord,
Tishau déclare que le mouvement originel, duquel s’est détaché un autre groupe d’extrémistes dénommé
Boko Haram, se dénomme de son vrai nom
«Jama’atu Ahli Sunna Li Dawaa ti Wal Jihad». Il prônait la non violence et s’opposait à l’assassinat de citoyens. Par contre, ceux qui s’appellent
Boko Haram discréditent en réalité, selon lui, l’idée originelle du mouvement dont le but était de répandre l’Islam pacifique dans tout le
Nigéria. Le mouvement dont se réclame
Tishau se serait développé suivant trois processus. Le noyau originel aurait été formé d’étrangers venus d’autre pays et aurait recruté des jeunes gens et parfois même des enfants qui seront expédiés dans plusieurs pays arabes dont la
Mauritanie pour recevoir une éducation religieuse. Ils seront par la suite transformés en militants de la cause islamiste à la solde de leurs anciens éducateurs. Tout aurait ainsi commencé en
Mauritanie en 2004, selon
Tishau, à la chute du régime d’
Ould Taya or que c’était en 2005. Il y évoque l’arrivée au
Nigéria de certains Mauritaniens, venus pour recruter des mercenaires en vue de renverser les tombeurs de l’ancien régime. La deuxième génération du mouvement serait formée de gens recrutés directement par le défunt chef du groupe,
Mohamed Yusuf. Il aurait été lui aussi approché, selon lui, par ces mêmes recruteurs Mauritaniens pour réaliser leurs desseins. Ces recrues auraient été acheminées en
Mauritanie sous couvert d’études islamiques dans le pays alors qu’ils étaient destinés au mercenariat armé. Cela aurait provoqué, selon
Tishau, un profond désaccord au sein du mouvement qui s’opposait à l’envoi de mercenaires en
Mauritanie, et partant, de l’échec du projet. Ce qui expliquera, selon lui, le retour au pays ces jeunes Nigérians qui poursuivaient leurs études religieuses dans les écoles coraniques Mauritaniennes. Rapatriés au
Nigéria, ils seront intégrés dans le mouvement
Boko Haram, atteste-t-il. Là s’arrête la partie de l’interview consacrée à la relation supposée entre la naissance du mouvement terroriste et la
Mauritanie. Le reste de l’entretien portera quant à lui sur les évènements qui se sont déroulés au
Nigéria, notamment les attentats menés contre le siège de la Police à
Abuja, les attentats contre le siège des Nations Unies, son arrestation par les services de sécurité et ses relations avec le renseignement Nigérian ainsi que les nombreux rapts de jeunes filles, la connivence entre certains hauts responsables politiques et mêmes sécuritaires du
Nigéria avec les groupuscules terroristes, etc. L’interview en question a d’abord été publiée dans le site
«Beegeable» avant d’être reprise par le quotidien
«The Punch» le 21 Septembre 2011. Certains ont ainsi vite associé l’absence du Président Nigérian,
Jonathan Goodluck, au Sommet de
Nouakchott avec les éléments de renseignement contenus dans cette interview et le rôle supposé de la
Mauritanie dans la formation, ne serait-ce qu’idéologique et islamique de la plupart des membres de
Boko Haram. Ainsi, selon les propos de
Tishau, un mouvement insurrectionnel armé serait parti au
Nigéria pour recruter des mercenaires en vue de renverser le régime à l’époque (c’est-à-dire, le CMJD) mais que ce serait le refus de
Mohamed Yusuf de rentrer dans ce complot qui aurait fait échouer le coup. D’ailleurs, la
Mauritanie n’est pas le seul pays qui a été accusée par des parties Nigérianes. Le
Tchad aurait eu également sa part d’accusation. Dans un entretien accordé à la
BBC le Samedi 20 Septembre 2014, repris par le journal
«Daily Nigeria Info» le 21 décembre, 2014, l’ancien gouverneur de l’Etat de
Borno, au Nord du
Nigéria, Aly Modou Chérif aurait fait remonter quant à lui la naissance du mouvement
Boko Haram dans la ville de
Kalama dans l’Etat de
Yobe en 1992. Cette accusation, (c’est-à-dire, contre le
Tchad) est intervenue juste après l’enlèvement des jeunes filles de la ville de
Chibok. C’est ce qui aurait expliqué selon lui, la manifestation monstre organisée devant l’Ambassade du
Tchad dont le pays fut accusé d’accointance avec le mouvement terroriste. Ce que l’Ambassadeur Tchadien au
Nigéria aurait formellement démenti, rejetant tout lien entre son pays et
Boko Haram. L’ancien gouverneur de corroborer ses accusations par le fait que le cessez-le-feu sabordé entre le mouvement terroriste et le gouvernement Nigérian a été bien salué au
Tchad, relevant l’arrestation d’un proche collaborateur du Président
Idriss Deby Itno, en l’occurrence
Mahamat Bichara Gnoti, à la frontière Soudano-Tchadienne alors qu’il transportait 19 missiles SAM 2, achetés à l’Armée Soudanaise et destinés au mouvement
Boko Haram.
L’Ambassadeur dira que cet incident n’implique nullement son pays et que l’information, il en avait pris connaissance dans les journaux comme tout le monde. Les observateurs trouvent que le rôle du
Tchad dans la lutte contre le terrorisme est jugé capital par le
Nigéria dont le Président
Jonathan Goodluck se serait rendu deux fois, courant 2014, à
Ndjamena afin de renforcer la collaboration entre les deux pays pour la surveillance des frontières et empêcher
Boko Haram d’avoir des bases arrières au
Tchad. Tout comme la
Mauritanie, le
Tchad est ainsi exposé lui aussi au terrorisme et aucun des deux pays ne peut, en principe, selon les observateurs, être soupçonné de servir de foyer aux terroristes. Un article publié le 25 Mars 2014, intitulé
«Boko Haram : How a Militant Islamist Group Emerged in Nigeria
»