
La révolution est un acte valeureux qui représente la fin d’un cycle civilisationnel dans l’histoire d’une nation, et le début d’un autre. Bien qu’il soit difficile d’affiner les raisons aboutissant à la révolution ou de prédire son déclenchement et ses conséquences; il reste pourtant possible d’analyser des événements, symptômes, données qui, une fois accumulés peuvent à tout moment déclarer la révolution. Parmi ceux-ci:
– La contradiction flagrante entre la culture du système politique existant et de la culture sociale.
– La rupture psychologique et culturelle entre le peuple et ses aspirations, et le régime et ses projets politiques
– L’handicap du système politique pour répondre aux grands défis civilisationnels de la nation.
– L’estimation majoritaire de la perte de confiance dans le système politique et ses justifications d’existence tout comme le désespoir d’un changement interne positif.
– L’existence d’un consensus national sur la corruption du système politique.
– L’absence d’un mécanisme de changement de régime de manière pacifique à cause de la dictature, ou la falsification de la volonté du peuple.
Si toutes ces données sont disponibles et si la rupture psychologique entre le régime et le peuple complaignant s’est transformée à une volonté du “changement civilisationnel”, la révolution alors évoluera de son étape de “l’existence par force” à “l’existence par acte” après avoir accompli quatre conditions:
– L’existence d’un profond changement culturel dans la société et sa vision du pouvoir et des richesses, et ce qui devrait être la relation entre le gouvernant et le gouverné
– L’existence d’une volonté collective fondue sur la volonté individuelle du changement et des réformes
– La conscience de vouloir transformer cette volonté collective du scénario théorique à la pratique.
– La présence d’élites, prêts à se sacrifier et capables de diriger, sensibiliser les masses et susciter leur enthousiasme.
Cela prouve que la révolution n’est pas seulement une colère populaire contre une position politique, une décision gouvernementale ou une situation économique, et non plus une révolte collective contre un système politique malgré sa tyrannie et sa dépendance. Elle est plutôt un changement culturel, une volonté collective et un acte civilisationnel qui marie les appels des réformateurs, aux théories des philosophes, aux rêves des jeunes, aux aspirations des opprimés, aux cris des rebelles, et enfin à la colère des personnes marginalisées afin d’atteindre deux objectifs principaux:
– Saper le système socio-politique et les aspects socio- culturels et politiques qui alimentent sa légitimité
– Etablir un système socio-politique alternatif qui pourra remodeler les relations sociales d’une part et renverser celles socio-gouvernementales d’une autre.
Une révolution réussie doit alors répondre aux critères suivants:
– La participation de tous les citoyens avec toutes leurs orientations intellectuelles et politiques
– La vision d’établir des valeurs communes à consensus national
– La rupture socio- culturelle et politique avec le passé
– Le développement de la position du citoyen du «dépendant” au “sujet agissant et influenceur”
– La transformation du rôle du gouvernant du “tyran privilégié” à “ l’employé d’état” dont la nation a le plein droit d’élire, de licencier, de questionner, de déterminer la crédibilité et de limiter les pouvoirs…
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